C’est un deuil impossible à faire. Le 20 septembre 2023, le corps de Shana a été retrouvé dans l’ancienne usine sucrière de Pierrefonds. Victime d’un guet-apens, la jeune fille de 16 ans a été battue à mort.
Deux adolescents, une fille de 14 ans et un garçon de 16 ans, ont reconnu les faits et conduit les enquêteurs sur les lieux jusqu’au corps de la victime. Ils ont été mis en examen pour assassinat et placés en détention provisoire.
" J’essaie, pas de vire, de survivre "
Un an après la mort de sa fille, le père de Shana raconte sa peine, la douleur, mais aussi la colère qui l’envahit. Hier, mardi 24 septembre, Shana aurait eu 17 ans.
Hier, j’étais avec un médecin qui m’a dit : c’est un poids qu’on va porter toute notre vie. C’est un truc difficile, c’est sûr que pour vivre avec c’est compliqué.
Mikaël, père de Shana
Mikaël vit toujours dans l’appartement qu’il partageait avec Shana.
" Dans sa chambre, il reste toutes ses affaires. Je n’ai pas envie de changer, parce que je pense que quand je rentre dans sa chambre, il y a une part d’elle qui est là. Au moins on est ensemble. J’ai toujours la pensée pour elle, encore plus hier. "
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Une douleur sans cesse ravivée
Au lendemain de l’anniversaire de sa fille, ce père évoque sa peine, sans cesse ravivée par l’actualité. Le 6 septembre dernier, une reconstitution s’est tenue sur les lieux. En compagnie des enquêteurs et des magistrats, les deux adolescents sont revenus sur le drame qui s’est joué ce jour-là. Cette nouvelle étape dans l’instruction de l’affaire n’est pas évidente à vivre pour le papa de Shana, " on remue le couteau dans la plaie " dit-il.
S’il essaie de penser à autre chose, il ne peut pas oublier.
Moralement, comme je travaille ça va, mais on vit toujours avec la douleur en soi, ce qui n’est pas évident tous les jours.
Mikaël, père de Shana
Se préparer au procès pour faire face aux accusés
Une douleur, qui n’est pas près de s’éteindre. Mikaël sait qu’elle sera encore plus forte avec la tenue du procès. Une étape à laquelle il pense.
Ça va être encore une grosse douleur pour nous. D’être confronté aux personnes qui ont fait ces gestes-là, de dire la vérité en face. Parce que là c’est que des écrits, on n’a pas la personne en face qui vous dit la vérité les yeux dans les yeux.
Mikaël, père de Shana
Un moment auquel il se prépare.
On y pense tous les jours, parce que psychologiquement, il faut qu’on se prépare. Il faut être fort pour affronter ça. Parce que si on ne se prépare pas psychologiquement, on se dit : le jour-même, comment on va réagir ?
Mikaël, père de Shana
" Est-ce qu’on va sortir indemne de cette histoire ? "
Une préparation indispensable pour gérer ses émotions, dit-il. " On ne sait pas quelles émotions vont sortir. Est-ce que c’est la haine ? Est-ce que c’est la tristesse ? Est-ce que on va sortir indemne de cette histoire ? "
A la peine et la douleur, se mêle la colère, voire la haine.
N’importe quel parent a la haine contre ses enfants là, parce que c’était délibéré, c’était ce qu’ils voulaient faire. Ca aurait pu tomber sur n’importe qui. Comment des jeunes comme ça, avec tous les jeux qu’il y a aujourd’hui, ils peuvent penser à des trucs pareils ?
Mikaël, père de Shana
Aujourd’hui, ce père n’a que des questions, toujours les mêmes. Des questions sans réponse, qui ne lui permettent pas de comprendre pourquoi ce tel passage à l’acte.
Deux procès prévus en 2025
La procédure judiciaire se poursuit. Elle débouchera sur deux actions devant des juridictions distinctes en raison de l’âge des prévenus au moment des faits. Âgée de moins de 15 ans au moment des faits, la jeune fille vient d’être transféré dans un centre spécialisé dans l’Hexagone, où elle continue d’être détenue. Elle sera de retour à La Réunion pour son procès.
" Il y a deux procès, il n’y en a pas un seul ", remarque ce papa. Un se tiendra devant la cour d’assises, l’autre devant celle des mineurs.