Un adolescent d'origine réunionnaise se suicide dans les Yvelines : encore un drame lié au fléau du harcèlement scolaire

Le harcèlement touche un élève sur dix en France.
Mardi soir, un adolescent d'origine réunionnaise s'est donné la mort à son domicile dans les Yvelines en métropole. Il était victime de harcèlement scolaire. Ce nouveau drame attire encore une fois l'attention sur cette calamité qui chaque jour détruit des familles. Pour le collectif Stop VIF Protégeons nos enfants, il y a urgence à prendre des mesures concrètes.

Ce mardi 5 septembre 2023, le harcèlement scolaire a encore fait des ravages. Un adolescent de 15 ans a été retrouvé sans vie à son domicile de Poissy dans les Yvelines, en Hexagone.

Le jeune garçon, d'origine réunionnaise, s'est suicidé dans un contexte de harcèlement scolaire. Son père, vivant à La Réunion, doit très prochainement se rendre en métropole, précisait Audrey Coridon du collectif Stop Violences Intrafamiliales lors du journal télévisé sur Réunion La 1ère ce jeudi midi. "La maman est hospitalisée, en état de choc", explique-t-elle. Elle invite d'ailleurs la famille à prendre contact avec le collectif pour la soutenir ou l'aider dans d'éventuelles démarches. 

Audrey Coridon, du collectif Stop VIF Protégeons nos enfants, sur le plateau de Réunion La 1ère : 

Harcèlement scolaire invité Audrey Coridon, du collectif Stop VIF Protégeons nos enfants Partie 1 ©Réunion la 1ère

Une enquête ouverte 

L'adolescent venait de changer d'établissement. Dans l'ancien, il avait subi "brimades en injures répétées" a confirmé le ministère de l'Education nationale. Les parents avaient déjà signalé les faits à l'établissement en mars dernier. Une enquête administrative a été ouverte pour comprendre les circonstances de ce passage à l'acte

Cindy, maman d'une enfant harcelée, témoigne

Selon les chiffres de l'Education nationale qui datent d'il y a quelques années déjà, un enfant sur huit à La Réunion subirait du harcèlement scolaire. Cindy, maman d'une fillette de dix ans, raconte comment elle a vu son enfant souffrir de cette situation. 

La mort à chaque conversation

Sa fille est rentrée de l'école un beau jour en disant que ça n'allait pas avec ses copines qui ne lui parlaient plus. Au bout de quelques mois, elle ne voulait plus aller à l'école, raconte Cindy. Peu à peu, elle finit aussi par perdre l'appétit et ne plus manger. "Quand elle me parlait, elle me racontait des choses, à moi ou aux autres, mais toujours à la fin, il y avait le mot "mort", à chaque phrase", se souvient la maman.

Le témoignage de Cindy : 

Harcèlement scolaire itw Cindy, maman d’une fillette de 10 ans.

"Ecoutez bien ce que vos enfants vous disent"

Pour essayer de s'en sortir, la famille a décidé de changer de commune, et donc d'établissement scolaire. "Elle a dû redoubler son CM1, sa moyenne est passsée de très haut à très bas", explique Cindy. Alors aujourd'hui, elle conseille aux parents de prêter davantage attention à ce que vivent leurs enfants. 

"Ecoutez bien ce que vos enfants vous disent. Ca fait mal de voir un enfant qui ne mange plus comme avant, qui ne vit plus, qui n'a plus de joie ni le matin ni le soir, on ne s'y attend pas." 

Cindy, maman d'une fillette de 10 ans victime de harcèlement

"Il faut parler" 

Interrogé sur le plateau de Réunion La 1ère ce jeudi soir, le recteur de l'académie Pierre-François Mourier a réagi à ce témoignage. "Il y a eu une parole de l'enfant à sa mère, et ça c'est absolument essentiel", constate-t-il, faisant passer un message important à tous les jeunes.

"Il est indispensable, à chaque fois que vous sentez être victime d'une situation de harcèlement, de le dire à des adultes. Ca peut être vos parents, l'équipe scolaire. Il y a des numéros que vous pouvez appeler, mais n'hésitez jamais, il faut toujours parler de ces choses-là"

Pierre-François Mourier, recteur de l'académie Réunion

Les précisions du recteur Pierre-François Mourier sur Réunion La 1ère : 

Le recteur Pierre-François Mourier, invité plateau, sur le harcèlement scolaire

"Je veillerai personnellement à ce qu'aucune situation qui nous remonte ne trouve pas une réponse la plus immédiate possible si le fait de harcèlement est avéré", a insisté le recteur. 

Un drame quelques jours après la rentrée 

Audrey Coridon, de Stop Violences intrafamiliales Protégeons nos enfants, se dit "atterrée" devant ces drames liés au harcèlement, et notamment la mort de cet adolescent réunionnais à Poissy. D'autant qu'il survient seulement quelques jours après la rentrée scolaire. 

"Avoir un lien avec ces jeunes pour ne pas arriver à ces drames"

"C'est toujours le même discours de la part des familles : manque de réactivité des professionnels sur place, effets d'annonce du gouvernement, et dans la mise en oeuvre il n'y a pas de mesures suffisantes pour protéger les enfants", dénonce-t-elle, évoquant de trop nombreuses situations dramatiques comme celle d'une jeune fille dans le sud de l'île, qui il y a quelques jours a tenté de s'ôter la vie suite à des faits de harcèlement scolaire déjà signalés. 

"Où va-t-on, que fait-on pour ces enfants ? On continue à être dans le déni. Pourtant il y a des mesures qui relèvent du bon sens ; la médiation, avoir un lien avec ces jeunes, pour ne pas arriver à ces drames" 

Audrey Coridon, collectif Stop VIF Protégeons nos enfants

Des outils insuffisants 

Le collectif rappelle l'existence d'outils comme le numéro d'écoute au 3020 ou l'application 3018 dédiée à la lutte contre le harcèlement. Mais c'est loin d'être suffisant dit Audrey Coridon.

"Il faudrait qu'il y ait plus de professionnels de santé et de présence humaine auprès de ces jeunes pour créer un lien de communication directement dans les établissements. On ne va pas les renvoyer encore à des écrans. Il faut qu'il y ait tout un dispositif humain et social autour de ces jeunes qui éprouvent une grande souffrance physchique et psychologique" 

Audrey Coridon, collectif Stop VIF Protégeons nos enfants

Comprendre le comportement du harceleur 

Les récentes déclarations du ministre de l'Education nationale pour faire en sorte que l'élève harceleur change d'établissement scolaire ne constituent pas forcément un progrès, selon le collectif Stop VIF Protégeons nos enfants. Ce dernier estime qu'il faut résoudre le problème en essayant de comprendre pourquoi l'élève agit ainsi envers ses camarades. 

"On tourne en rond, ça reste un problème : on va déplacer le harceleur, qui reste un enfant. Il va repartir dans un autre établissement et harceler d'autres élèves ? Il faut qu'il y ait un accompagnement de ces jeunes, pour savoir pourquoi il harcèle. (...)  Il faut une analyse plus pointue concernant le harceleur. Pourquoi il commet ces violences ? Pourquoi ça le fait plaisir de voir un camarade souffrir ? Ce n'est pas en le déplaçant dans un autre établissement que ça va changer les choses" 

Audrey Coridon, collectif Stop VIF Protégeons nos enfants

Les précisions d'Audrey Coridon, collectif Stop Violences Intrafamiliales - Protégeons nos enfants:

Harcèlement scolaire itw Cindy, maman d’une fillette de 10 ans. Partie 2