Dans un entretien à Réunion La 1ère, jeudi 18 février, le préfet de La Réunion prévient qu’un "couvre-feu sur l’ensemble de l’île est envisageable dans les prochains jours". Il confirme que pour les motifs impérieux, les voyageurs devront faire une demande 6 jours avant le départ.
"Un couvre-feu sur l’ensemble de l’île est envisageable dans les prochains jours", prévient le préfet de La Réunion, Jacques Billant, dans un entretien accordé à Réunion La 1ère, ce jeudi 18 février. Face à la propagation du coronavirus dans l’île et la dégradation de la situation sanitaire, le préfet se dit "préoccupé". Le taux d'incidence à La Réunion est désormais de 77 cas pour 100 000 habitants, et l’île compte en moyenne 94 nouveaux cas de Covid-19 par jour.
"C’est un moment clé, les taux d’incidence ont doublé en quatre semaines, des clusters à forte diffusion se développent, le variant sud-africain est présent dans l’île, la hausse est continue, explique Jacques Billant. Le pire n’est jamais certain, mais mon devoir est de s’y préparer".
Regardez l'entretien ci-dessous :
Vers une généralisation du couvre-feu à 22h
Et pour s’y préparer, il prévient que "le couvre-feu pourrait être généralisé". Depuis la semaine dernière, quatre communes sont sous couvre-feu : Le Port, la Possession, Saint-Leu et Saint-Louis. A partir de ce soir, trois nouvelles communes seront sous couvre-feu dès 22 heures pour deux semaines : Sainte-Suzanne, Salazie et l’Etang-Salé.
"Si le nombre de communes ayant un taux d’incidence supérieur à 100 pour 100 000 continue de se grimper, nous envisagerons une généralisation du couvre-feu à 22h, la question est sur la table, prévient Jacques Billant. Avec les maires, nous avons déjà acté que si nous devions prendre une mesure de couvre-feu à 18 heures ou de confinement, elle ne pourrait pas être territorialisée. Elle serait généralisée à l’ensemble des communes du département".
Plusieurs maires critiquent le fait d’instaurer le couvre-feu, alors que le taux d’incidence commence à diminuer dans leur commune. "La territorialisation des mesures permet de cibler les territoires et les quartiers en limitant les conséquences économiques à l’échelle de l’île, mais elle a aussi des limites car les gens bougent", se défend Jacques Billant.
Pas de fermeture de l’aéroport
Le préfet de La Réunion défend aussi sa position au sujet de l’aéroport. Des manifestants ont demandé à plusieurs reprises cette semaine encore la fermeture de l’aéroport considéré comme "une porte d’entrée du virus dans l’île". "La fermeture de l’aéroport n’est pas d’actualité et ne l’a jamais été, martèle le préfet. Si nous fermons l’aéroport, les rayons se vident, les usines s’arrêtent, les agriculteurs n’exportent plus leurs produits, le chômage explose, la précarité s’installe, les familles sont divisées, et le virus est toujours là".
Motifs impérieux : une demande 6 jours avant le départ
A La Réunion, 87 % des contaminations au coronavirus sont autochtones, mais les variants et notamment le variant sud-africain, est entré par l’aéroport. Le préfet annonce qu’il a cependant décidé "de resserrer les mesures d’arrivée sur le territoire depuis l’Hexagone et depuis Mayotte".
Dès le 27 février, les voyageurs devront envoyer en ligne leur déclaration sur l’honneur et leurs pièces justificatives de motif impérieux au moins six jours avant leur départ. Un récépissé leur sera alors remis pour embarquer. "Il faut du temps pour vérifier la nature des motifs impérieux, et c’est tout le sens de cette nouvelle mesure", assure le préfet qui ajoute que "les contrôles sur l’aéroport et les motifs impérieux sont réels et stricts". Le trafic aérien a chuté de moitié, assure-t-il.
Les évacuations sanitaires de Mayotte vers La Réunion pourraient s’arrêter
Sur les évacuations sanitaires depuis Mayotte vers La Réunion, le préfet confirme qu’elles se poursuivent pour le moment. Chaque jour, La Réunion accueille quatre patients issus d’évacuations sanitaires en réanimation et six en médecine. "Nous augmentons les capacités d’accueil pour les patients mahorais en poursuivant les soins urgents des Réunionnais", explique Jacques Billant. Au CHU, 40% des lits de réanimation sont actuellement occupés.
Toutefois si un seuil d’occupation des lits est franchi, les évacuations sanitaires depuis Mayotte vers La Réunion pourraient s’arrêter. "Si la limite fixée est franchie, alors nous procéderons à des évacuations sanitaires vers l’Hexagone, explique le préfet. Sachez qu’on s’y prépare dès aujourd’hui".