Une jeune réunionnaise accuse un militaire de harcèlement sexuel dans les TAAF

L’an dernier, Anouk Piteau s’engage pour une mission de service civique dans les TAAF, mais son séjour est écourté. Elle accuse un militaire de harcèlement sexuel. Sa plainte sera classée sans suite, faute de preuve. Vendredi, l’administration des TAAF présentera un plan de lutte contre les violences et le harcèlement dans ses territoires.

Son rêve à viré au cauchemar. En août 2022, Anouk Piteau, 30 ans, pose ses valises sur l’île d’Amsterdam. La jeune réunionnaise s’engage pour une mission de service civique de seize mois dans les TAAF, les Terres Australes et Antarctiques Françaises.

"Des propositions sexuelles insistantes"

Sur la base, son aventure tourne court. Elle dénonce très vite le comportement supposé inapproprié d'un militaire. 

"Une personne, sous couvert d’être électricien, est venue dans ma chambre pour régler le radiateur, raconte Anouk Piteau. Il m’a proposé des relations sexuelles, j’ai dit non et il a renouvelé ses demandes avec des mots sous la porte à trois reprises".

Ecoutez son témoignage sur Réunion La 1ère :

La jeune femme raconte recevoir "des propositions sexuelles insistantes" à plusieurs reprises. Elle décide alors d’en parler au chef sur la base, et au médecin.

Ça a été perçu comme quelque chose de grave, mais c’était comme une « patate chaude » que tout le monde se refilait. Ça a été dénoncé à Amsterdam et c’est parti à Saint-Pierre, au siège des TAAF, et dans les FAZOI.

Anouk Piteau

"Une double peine"

Un mois plus tard, Anouk Piteau apprend que le militaire concerné ne quittera pas la base. "On m’a dit que son poste était bien plus important que le mien sur cette base et que c’était à moi de faire l’effort, raconte la jeune réunionnaise. Si je n’étais pas capable de surmonter cette épreuve, c’est que je n’étais pas faite pour ce poste".

Très vite, Anouk Piteau est priée de mettre fin à sa mission quelques mois seulement après l’avoir entamée. 

C’est la double peine pour moi, j’ai dénoncé ce comportement avant que ça devienne une intrusion physique ou une agression, mais on m’a dit c’est à moi de rester ou pas.

Anouk Piteau

Priée de quitter la base pour "ramener la sérénité"

Anouk Piteau a dû plier bagages en décembre dernier, "afin de ramener la sérénité au sein de la base", lui a justifié dans un courrier la préfète administratrice supérieure des TAAF.

Faute de preuve

Anouk Piteau a porté son affaire devant la justice, en vain. Sa plainte a été classée sans suite par le parquet de Saint-Denis, faute de preuve. 

On m’a saboté mon projet personnel et professionnel en me disant que j’étais un problème, alors que je venais simplement réaliser un rêve.

Anouk Piteau

Un plan présenté vendredi

Contactée par Réunion La 1ère, l'administration des TAAF n'a pas souhaité faire de commentaire sur cette affaire.

Vendredi prochain, elle présentera son plan de lutte contre les violences et le harcèlement dans ses territoires.