Une journée sans tabac... mais pas sans cigarette électronique ?

La cigarette électronique séduit de plus en plus les fumeurs en sevrage
Ce mercredi 31 mai, c'était la Journée sans tabac. Au-delà des opérations de sensibilisation, un nouvel outil permet depuis quelques années de prendre son indépendance du tabac fumé : la cigarette électronique. Si bien que le gouvernement envisage son remboursement par la Sécurité sociale.

Ce 31 mai, c’est la Journée sans tabac. S’il n’y a pas un jour en particulier pour quitter cette mauvaise habitude, ce mercredi, différents acteurs de la santé et de la prévention ont mis le paquet sur la sensibilisation. Car le tabac est le premier facteur de risques dans un grand nombre de maladies, en particulier les maladies pulmonaires et cardio-vasculaires.  

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Ce mercredi 31 mai, l’occasion d’arrêter de fumer ? Le CHU de La Réunion était en tout cas mobilisé lors de cette Journée sans tabac.

Des messages au grand public... et aux soignants 

Au CHU de Bellepierre, Géraldine Thomas, infirmière en service d'addictologie tente de sensibiliser le plus grand nombre à l'arrêt de la cigarette. Elle n'oublie pas non plus les soignants, parmi lesquels des fumeurs. A ceux-là, elle demande par exemple de ne pas prendre leur "pause cigarette" en blouse blanche, pour deux principales raisons : ne pas envoyer de message contradictoire aux patients, et être vu, en tant qu'aide-soignant, infirmier, ou médecin, en train de fumer, mais aussi pour ne pas transporter dans l'environnement de soins les particules nocives laissées sur les blouses par la fumée de cigarette. 

François, en sevrage depuis quatre mois 

Au service addictologie, on retrouve François, un des patients qui a désormais arrêté de fumer depuis quatre mois. Ce sont des problèmes au coeur qui l'ont enfin décidé à lâcher la cigarette, accompagné par le CHU. Après une hospitalisation de 15 jours au sein du service addictologie, les soignants l'aident désormais à maintenir ses efforts et atteindre ses objectifs, en hôpital de jour une fois par semaine. 

"Les soignants lé la pou écoute a ou, discuter, zot i appren a ou des choses avant de sortir, et c’est ou qui doit gérer dehors", explique-t-il. 

"Deux à trois paquets par jour"

Pendant 40 ans, François a fumé "deux à trois paquets par jour". Aujourd'hui, il dit se sentir mieux, respirer mieux, marcher mieux. Alors il ne peut qu'encourager d'autres fumeurs à franchir le pas. "Mi sa pas oblige a zot fé comme moin, mais si zot lé malade, téléphone un addictologue", achève-t-il. 

Mais tous ceux qui arrêtent de fumer ne passent pas par le service addictologie du CHU : certains, depuis plusieurs années, optent pour la "vapoteuse", ou cigarette électronique, pour se sevrer du tabac fumé.

De la clope à la "vape" 

Irfan, un fumeur de cigarettes traditionnelles reconverti à la vapoteuse, croisé dans une enseigne spécialisée, satisfait son envie de nicotine avec les différents liquides disponibles en boutiques. "Ca fournit la nicotine et le corps ne demande plus le tabac normal. Après on réduit la quantité de nicotine jusqu’à arriver à zéro", explique-t-il. 

Les précisions de Réunion La 1ère : 

Zoom sur la cigarette électronique, cet outil utilisé par de plus en plus de personnes en sevrage tabagique.

"De 600 euros à une quarantaine d'euros par mois" 

Dominique, un autre ancien fumeur, dit par exemple être passé "de deux paquets de cigarettes par jour" à la fameuse cigarette électronique, du jour au lendemain, un premier de l'an. Aujourd'hui, il "préfère vapoter que refumer, pour la santé et pour la poche". "Je suis passé de 600 euros à une quarantaine d'euros par mois", dit-il fièrement. 

De plus en plus vapoteurs 

Pour Tony Lai-Shun-Man, conseiller en arrêt du tabac d'une enseigne de vapotage, la cigarette électronique permet de se "sevrer tranquillement" au lieu d'arrêter net le tabac. Lui-même ancien fumeur, il conseille désormais les clients "au cas par cas". "A partir du moment où j’ai acheté une machine, je n'ai pas retouché une cigarette", affirme-t-il. 

Le co-gérant de l'enseigne, Floriance Bernard, lui, l'affirme : avec le bouche-à-oreille des personnes qui ont pu arrêter le tabac grâce à la vapoteuse, son chiffre d'affaires - 4,5 millions d'euros - est en constante progression depuis l'ouverture sur l'île en 2014. 

"Ca fonctionne parce qu’on retrouve une gestuelle assez similaire au tabac fumé, et on peut baisser progressivement le dosage de nicotine. Très vite on ne ressent plus les essoufflements, on se sent comme un non-fumeur"

Florian Bernard, co-gérant d'une enseigne de vapotage

Quatre composants

Mais de quoi se composent ces liquides à vapoter, qui existent dans une multitude d'arômes différents, de la pastèque au pop-corn en passant par les noix caramélisées ou le chewing-gum ? "Quatre composants principaux : un agent pour lier, un composant pour la vapeur, un arôme, et de la nicotine ou pas", répond Tony Lai-Shun-Man, conseiller en produits de vapotage. 

"Une reconnaissance" 

Il y a quelques jours, le gouvernement a fait part de son intention d'aller vers un remboursement de la cigarette électronique par la Sécurité sociale. Certains appareils pourraient ainsi être disponibles dans les pharmacies. 

Pas de quoi faire peur aux magasins spécialisés qui, au contraire, semblent accueillir positivement une telle mesure. "On ne connaît pas encore les contours de la proposition, mais c’est pour nous une reconnaissance du bon fonctionnement du produit", estime Florian Bénard, co-gérant d'une enseigne de vapotage, qui considère que c'est "plutôt une bonne chose", notamment "pour les gens qui n'ont pas forcément les moyens d’investir dans du matériel".

Des cigarettes électroniques bientôt en pharmacie ?


Du côté des pharmaciens, ce nouvel outil pour arrêter de fumer est également accueilli favorablement. "Si le vapoteur peut aider la personne à arrêter le tabac, c’est un outil qui peut être utile, parce qu’il n’y a pas de combustion et donc pas de goudron, de substances cancérigènes, de monoxyde de carbone. Les solutions parfaites n’existent pas", estime Claude Marodon, président de la délégation de l’ordre des pharmaciens à La Réunion. 

Par ailleurs, il n'est pas illogique que pour arrêter de fumer dans le cadre d'une démarche de santé, un tel dispositif puisse être mis en vente en pharmacie, en complément des gommes, patches, et autres outils déjà existants, selon Claude Marodon.

"C'est intéressant d’avoir ça en pharmacie parce qu'on est dans un environnement médical : un  professionnel de santé va faire le diagnostic, et il y aurait une pharmacovigilance du produit, une traçabilité, un dosage modulable de nicotine au cours du suivi. Si on regarde les effets négatifs du tabac, on est largement gagnants. Dans une démarche de santé, c'est le rôle de la pharmacie d’apporter au patient un outil sûr et référencé"

Claude Marodon, président de la délégation de l'ordre des pharmaciens à La Réunion