Frédéric Miranville conteste avec force les accusations de harcèlement moral qui ont conduit à son éviction de la présidence de l’université. Dans une tribune, les champs lexicaux de la mise à mort et la chasse aux sorcières sont de mise pour dénoncer une manœuvre politique.
« Une décapitation en règle »
L’effet d’un couperet qui tombe. Tel a été le ressenti de Frédéric Miranville à la lecture du communiqué du ministère de l’Enseignement Supérieur, lui signifiant son éviction à titre conservatoire de la présidence de l’Université de La Réunion. Pour le président déchu, « la base de sept signalements » ne saurait motiver une telle décision, et notamment sa portée dans le temps.
La durée d'une année choisie par le ministère ainsi que les termes de son communiqué de presse ne peuvent que me laisser comprendre que je suis déjà coupable à ses yeux
Frédéric Miranville
Il dénonce « une décapitation en règle » et regrette de n’avoir pas été destinataire du rapport définitif de l’inspection générale. Frédéric Miranville estime d’ailleurs qu’il s’agit « violation totale de l’article 6 de la convention européenne des droits de l’homme. »
« Une cabale politique »
Dans cette tribune,Frédéric Miranville assure être mise en cause par « une minorité manipulatrice qui veut prendre le pouvoir par la force plutôt que par les urnes».
En aucun cas, je ne me suis livré à des actions pour délibérément produire des situations de harcèlement moral
Frédéric Miranville
Sans citer de noms, il dénonce « une cabale politique » contre une gouvernance élue démocratiquement. C’est d’ailleurs en ces termes que l’ancien maître de conférences en génie civil, signe son plaidoyer: «Pr Frédéric Miranville, président élu de l’Université de La Réunion ».
Le rappel des faits
Le vendredi 6 octobre, Sylvie Retailleau, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a pris la décision de suspendre de ses fonctions Frédéric Miranville, à titre conservatoire et d’engager une procédure disciplinaire à son encontre. «Cette décision fait suite à plusieurs étapes d’un processus engagé au printemps dernier", précise l’autorité de tutelle dans un communiqué.
Le 7 mars 2023, le ministère avait été destinataire d'un courrier annonçant l’existence de harcèlement à l’Université de La Réunion. Le courrier a été envoyé par sept signataires occupant ou ayant occupé des fonctions à l'université. L’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche a été saisie le 10 mars pour conduire une enquête administrative.
Les résultats de cette enquête qui a relevé « des faits susceptibles de recevoir une qualification pénale" ont aussi été transmis à Véronique Denizot, la procureure de la République de Saint-Denis.
Frédéric Miranville risque donc de devoir s'expliquer prochainement devant la justice sur les faits qui lui sont reprochés.