Urgences en souffrance, La Réunion n’est pas épargnée

Le Président de La République reconnaît la situation difficile aux Urgences et lance une "mission flash". En France, un service d’Urgences sur 5 est actuellement en difficulté. Des Urgences qui tournent au ralenti, ou sont même obligées de fermer la nuit. A La Réunion, soignants et syndicats réagissent.

Le chef de l’Etat promet une "mission flash" d’un mois pour faire un bilan des difficultés rencontrées par les services d’Urgences. A l’issue de cette mission se tiendra une conférence de la santé avec des "actions fortes" dès juillet, s’est-il engagé.  

Lors d’une visite au centre hospitalier de Cherbourg, mardi 31 mai, Emmanuel Macron a estimé que le système de santé devait faire l’objet d’une " vraie révolution collective ". Effet d’annonce ou coup politique, les soignants n’y croient plus.    

Les Urgences de La Réunion sont aussi concernées

Manque de personnel, services engorgés et de moins en moins de candidats, le constat est clair et la situation bien connue des politiques, et cela depuis longtemps, selon eux. La Réunion n’est pas épargnée par ces difficultés.  

Pour faire fonctionner un service comme les Urgences du CHU Nord, il faut 42 docteurs. L’été dernier, on s’est retrouvé à 19 docteurs. Donc avec 19 docteurs, bien entendu on ne peut pas faire correctement son travail. C’est mathématiquement et humainement impossible.

Professeur Bertrand Guihard, ancien chef du service des Urgences et du Samu du CHU Nord.

D’autres services le sont aussi

Il y a un an, du fait de grosses difficultés d’effectifs médicaux, le CHU Nord a été dans l’obligation de réduire certaines des activités au détriment des patients, explique le professionnel de Santé. Le problème des effectifs paramédicaux est également criant avec un turn-over important, ajoute le Pr Bertrand Guihard.    

Il confirme que les Urgences ne sont pas le seul service concerné. Selon lui, beaucoup de services ferment des lits régulièrement par manque de médecins et de personnels soignants. Tout cela se ressent d’un service à un autre, les Urgences comprises.  

Effet d’annonce…

Après plusieurs missions et enquêtes parlementaires sur l’état des hôpitaux en France, cette annonce d’une nouvelle "mission flash" s’est presque vécue comme un affront du ôté de certains syndicats.  

Le Président Macron se félicite du Ségur, alors qu’il y a encore pas mal de personnes qui sont exclues. Le point d’indice est gelé depuis plus de 20 ans, pour moi c’est inacceptable. Il n’y a pas besoin de refaire quoique ce soit.

Gabriel Mélade, responsable CGTR Santé

… et utilisation l’hôpital public

Plan de formation, revalorisation salariale, embauches, les pistes connues et dépassent le service des Urgences, alors arrêter de les effets d’annonce et agir, c’est aussi l’avis de Zohra Givran du syndicat Sud Santé, du CHOR :  

Utiliser la souffrance de l’hôpital public, la souffrance de la population, le manque d’accès aux soins pour leur dire « je vous promets encore une fois qu’après les élections nous ferons des merveilles de l’hôpital public », mettons-nous au travail d’ores et déjà.

Les syndicats veulent un "plan républicain", voire un "plan Marshall" pour l’hôpital public

La syndicaliste demande à ce que soient donnés aux professionnels de santé les moyens de travailler. " Nous en avons marre de ce manque de personnels, de ce manque de moyens, de ce manque d’effectifs chronique dans tous les services ", ajoute-t-elle. Elle réclame un réel plan de formation, voire un " plan républicain pour l’hôpital public ", et même " carrément  un plan Marshall ".  

De l’avis de tous, la situation est critique. Si La Réunion n’a pas encore connu de fermeture des Urgences la nuit, c’est une inquiétude réelle des professionnels.