Ces affaires sont venues mettre en lumière un phénomène préoccupant dans les écoles : celui de la violence des élèves envers leurs professeurs. Vendredi, un enseignant de CE2 de l'école Daniel-Honoré de Bras-Fusil à Saint-Benoît s'est fait jeter une ardoise au visage par un écolier de huit ans.
Enseignants choqués
Une agression qui a profondément choqué l'équipe éducative, au point que 14 des 26 enseignants de l'établissement se sont mis en arrêt de travail, contraignant la commune à mettre en place un service minimum, rapportent nos confrères du Quotidien ce mercredi 27 novembre.
Mardi 26 novembre, c'est un élève de CE1 de l'école Centrale de Saint-Denis qui a blessé son professeur avec une paire de ciseaux dans un accès de colère. Et un autre incident similaire aurait également eu lieu récemment au Port. À chaque fois, les élèves impliqués étaient porteurs de handicap ou souffrant de troubles du comportement.
"La violence à l'école, c'est quotidien et c'est partout"
Mais pour Carole Thémèze, secrétaire régionale adjointe du syndicat enseignant SAIPER UDAF, ces évènements sont loin d'être des cas isolés. "Ces agressions des derniers jours, ce sont des cas un peu extrêmes qui ont été médiatisés. Mais les problèmes de violence à l'école, c'est quotidien et c'est partout, et pas uniquement d'enfants porteurs de handicap" affirme la syndicaliste, rappelant que "souvent, les enseignants prennent sur eux."
"Beaucoup de collègues nous racontent : "l'enfant me mord", "il me frappe", "je dois le porter pour aller d'un point à A à B..." On tombe des nues, mais ça se banalise. Ces événements récents, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg", raconte la représentante.
"On a des professeurs des écoles avec classe de plus en plus hétérogènes, et on subit depuis plusieurs années les effets de la destruction des moyens qui nous permettaient de venir en aide à ces enfants."
Carole Thémèze, secrétaire régionale adjointe SAIPER-UDAF
Un phénomène qui a des explications claires pour le syndicat enseignant. "On a des professeurs des écoles avec classe de plus en plus hétérogènes, et on subit depuis plusieurs années les effets de la destruction des moyens qui nous permettaient de venir en aide à ces enfants. Parfois avec des handicaps, parfois avec des besoins particuliers car en souffrance. Il y avait des instituts, des CLIS (classe pour l'inclusion scolaire), Mais énormément de structures ferment", détaille Carole Thémèze.
"Vouloir à tout prix scolariser ces enfants en difficulté en milieu ordinaire, c'est louable. Mais sans moyens c'est impossible", observe la secrétaire régionale adjointe.
"Besoin de spécialistes, de moyens humains"
Qui déplore un manque de soutien de l'Education nationale. "Ce qui est dangereux, c'est que, quand les enseignants appellent au secours, on leur dit de faire avec, que c'est "la classe demain"".
Et de réclamer des moyens adaptés, dont certains ont déjà été annoncés. "On nous a promis beaucoup de choses... Mais quid des personnels médicaux qui peuvent intervenir en urgence ? On demande aussi l'application d'un protocole d'urgence en cas d'agression dans les écoles", rappelle le SAIPER-UDAF.
"On a besoin de spécialistes, de moyens humains. On est enseignants, pas médecins, infirmiers ou éducateurs spécialisés", conclut Carole Thémèze.