Violences en Guadeloupe : des réactions réunionnaises

Une nouvelle nuit de violences a secoué la Guadeloupe où l’Etat annonce l’envoi de renforts policiers. Un témoin sur place, un Réunionnais installé à Saint-Anne raconte les évènements. Autre parole, celle d’un Guadeloupéen vivant à la Réunion. Les deux ne cachent pas leur inquiétude.

Les violences urbaines continuent de secouer la Guadeloupe depuis plusieurs jours... Incendies, pillages, barrages routiers. La contestation de l'obligation vaccinale des soignants a dégénéré. Les Guadeloupéens viennent de vivre nouvelle nuit de tension, où 37 interpellations ont été menées. Réunis en cellule de crise samedi, les ministres de l’intérieur et de l’outremer ont annoncé l’envoi d'une cinquantaine d'agents du GIGN et du RAID en complément des 200 policiers et gendarmes déjà sur place en renfort.

Des proches sur place inquiets

Jean-Claude Machir est installé à la Réunion depuis 27 ans. L’ex- animateur radio aujourd’hui reconverti dans le secteur associatif est originaire de Gosier en Guadeloupe. Une grande partie de sa famille est sur place. "C’est pas évident on les a au téléphone on sent leur inquiétude. Ils ne veulent pas le montrer mais ils sont vraiment inquiets de la situation."

Jacques Bègue, lui est un restaurateur réunionnais, installé en Guadeloupe. Il vit dans la ville de Sainte-Anne, où la tension est montée d'un cran ce samedi soir. Il décrit une situation "désolante". Ces derniers jours, il a été contraint de limiter ses déplacements. "C’est barré partout, y’a plein de détritus partout, on slalome sur les trottoirs pour pouvoir passer, quand on peut passer car à certains endroits c’est pas possible du tout."

Jacques Bègue raconte la situation depuis la Guadeloupe à Olivier Murat

Crise en Guadeloupe : témoignage de Jacques Bégue restaurateur réunionnais

Les renforts vus comme "une provocation"

Jacques Bègue ne cache pas son inquiétude face à une situation immaîtrisable . "Y’a plus personne qui sort même la journée, on commence à prendre peur, on est à la campagne mais on n’est pas à l’abri de quoi que ce soit."

L’annonce d’envoi de renforts de policiers et gendarmes, est loin d’être une solution pour Jean-Claude Machir. Le Guadeloupéen l’assure : "c’est une provocation. Pourquoi n’y a-t-il pas un dialogue avant ?"  

"C’est un manque de dialogue, une incompréhension. On nous a imposé des choses depuis longtemps et on continue à le faire."

Jean-Claude Machir, ex- animateur radio d'origine guadeloupéenne

 

Le témoignage de Jean-Claude Machir recueilli par Michelle Bertil et Florence Bouchou

Guadeloupe la communauté s'inquiète

Des magasins vides 

De son point de vue, ces violences risquent de se poursuivre dans le temps. Il se base sur les précédents mouvements.  "On sait comment ça se passe aux Antilles quand la situation dégénère. La grève peut durer un mois, deux mois. Eux (ses proches, ndlr) ont l’inquiétude de ne pas savoir de quoi sera fait demain."

Une inquiétude partagée par Jacques Bègue : "Les magasins sont pillés, il n’y a plus rien. Le couvre-feu est à 18 heures mais les magasins sont vides, ils ne peuvent pas s’approvisionner." Le restaurateur ne va pas pouvoir tenir très longtemps : "Nous même on a du mal, on travaille sur nos réserves. C’est inquiétant car on ne sait pas jusqu’où ça va aller."

Lundi 22 novembre 2021, une réunion à Matignon est prévue en présence du Premier Minsitre et des élus de l'archipel, afin de trouver les meilleures solutions pour régler ces violences grandissantes.