Violent séisme au Maroc : les Marocains de La Réunion sous le choc, un Réunionnais sur place témoigne

Rajae Louis, gérante du restaurant Little Marrakech, est rassurée de savoir que son père est sain et sauf
Tard dans la soirée vendredi, un séisme a secoué le Maroc, faisant plus de 1 000 morts selon le bilan des autorités, toujours provisoire. A La Réunion, la communauté marocaine s'inquiète pour les proches présents au pays. Ramesh lui, est Réunionnais et vit au Maroc. Il raconte cette nuit d'horreur.

C'est peu à près 23 heures, heure locale, qu'un violent séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter a secoué le Maroc, avec pour épicentre le sud-ouest de Marrakech. Le bilan, depuis, ne cesse de monter et dépassait ce samedi après-midi le millier de morts selon les autorités marocaines. 

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Après le séisme qui a coûté la vie à plus d'un millier de personnes, les Marocains de La Réunion sont inquiets.

Un drame qui, en secouant tout le pays, a aussi impacté tous les Marocains vivant ailleurs dans le monde. A La Réunion par exemple, Rajae Louis est gérante du restaurant Little Marrakech à La Possession. Née au Maroc, elle garde toujours de nombreuses attaches avec son pays d'origine, à commencer par sa famille. 

Son père sain et sauf 

Alors, à l'annonce du tremblement de terre, c'est tout naturellement pour son père qu'elle s'est inquiétée en premier. Celui-ci, à Fez, est heureusement sain et sauf. Mais signe que c'est tout le pays qui a été secoué, à 700km de Marrakech, il a ressenti la secousse et des objets sont tombés chez lui. Ce samedi après-midi encore, elle a pu le joindre par téléphone pour confirmer que tout allait bien de son côté. 

"C'est vraiment triste, je présente toutes mes condoléances à ses âmes perdues. (...) Toute ma famille est au Maroc, tous mes amis, c'est difficile. Ce soir je prendrai le temps d'appeler tout le monde et de les consoler si perte il y a". 

Rajae Louis, franco-marocaine, gérante du Little Marrakech

"Ma ville d'adoption" 

Outre les liens familiaux, ce sont des liens économiques que la gérante de ce restaurant marocain entretient avec le pays qui s'est réveillé endeuillé ce samedi. "Marrakech c'est ma ville d'adoption, c'est là où je fais tous mes achats pour le restaurant", explique-t-elle. 

Des partenariats avec les petits artisans de Marrakech 

Des luminaires ajourés ou parés de verre coloré, suspendus au plafond, à la vaisselle fabriquée spécialement pour le restaurant, en passant par les divers objets d'artisanat et de décoration qu'elle vend dans une partie du restaurant, tout ici provient de la région de Marrakech, confectionné par une vingtaine d'artisans qu'elle a elle-même rencontrés, puisqu'elle n'a pas d'intermédiaire pour ses achats. 

"Les luminaires viennent d'un petit village à 20km de Marrakech, les sets de table sont fabriqués dans la région de Marrakech par des femmes artisanes".

Rajae Louis, gérante du Little Marrakech

Rajae Louis travaille avec une vingtaine de petits artisans de la région de Marrakech

"Aider les travailleurs pauvres de la région"

"Le but de mon concept, c'était d'aider les travailleurs pauvres de la région", se souvient Rajae Louis, qui s'inquiète au lendemain de la catastrophe pour tous ces petits artisans qui ont perdu leur outil de travail ou leur maison, ou pire, qui ont péri ou vu des proches disparaître suite au violent séisme. "Je suis sûre que ce sont ces petits travailleurs pauvres qui sont touchés parce qu'ils n'ont pas de logement anti-sismiques", songe-t-elle. 

La restauratrice, le choc passé, s'engage à essayer "d'aider tous les gens qui ne peuvent plus travailler à reprendre leur activité". 

Rajae Louis travaille avec une vingtaine de petits artisans de la région de Marrakech

Ramesh, Réunionnais vivant au Maroc, raconte 

Parmi ceux qui ont eu très peur vendredi soir se trouvaient aussi des Réunionnais. Originaire de Bras-Panon, Ramesh Pavadépoullé vit au Maroc avec sa femme et ses enfants, à quelques dizaines de kilomètres de l'épicentre, dans une ferme autonome. 

Il raconte avoir pensé, pendant le séisme, que c'était sa femme qui le secouait. Lorsqu'il a compris qu'il s'agissait d'un tremblement de terre, il a foncé voir ses trois garçons. "Quand on est dans l'action, on a l'instinct de survie", commente-t-il. 

Direct avec Ramesh Pavadépoullé, Réunionnais au Maroc

Des villages rasés dans les alentours 

Dans sa ferme à 20km au sud de Marrakech, il s'estime chanceux d'avoir peu de constructions à proximité, qui auraient amplifié les ondes, explique Ramesh. 

"Mais dans le voisinage, à certains endroits les maisons ont été détruites, et des pans entiers de mur se sont affaissés.  Trois jeunes filles sont mortes écrasées dans leur propre maison. Des villages entiers ont été complètement rasés, encore inaccessibles par voie routière"

Ramesh Pavadépoullé, Réunionnais vivant au Maroc