6 juin 1944 : Henri Dorfsman est l'un des 177 français qui débarquent en Normandie

Le Débarquement du Commando Kieffer
Membre du commando Kieffer, Henri Dorfsman est aux côtés de deux Saint-Pierrais parmi les rares français à fouler les plages normandes le Jour J. Il a vécu plus tard à Saint-Pierre en famille. Son fils témoigne et lui rend hommage. 

"Mon père n'était pas quelqu'un de facile". De sa vie de famille à Saint-Pierre, Henri-Charles Dorfsman conserve un souvenir "ambigü". Son père Henri Dorfsman s'y installe dans les années 60 afin de contribuer à la construction du port. Il s'y marie avec une fille du pays. Et c'est à Saint-Pierre encore que naissent ses trois enfants.
 

Un homme dur


Des relations complexes, une réputation d'homme de fer forgée aussi sur l'archipel. La vie n'a jamais été un long fleuve tranquille pour Henri Dorfsman, avant, pendant et après la guerre et son débarquement sous le tonnerre de feu des plages normandes.
 


Henri-Charles raconte un père chef d'entreprise souvent absent, courant les chantiers du monde entier pour mettre à profit ses compétences en explosifs éprouvées lors de ses entraînements au sein du Commando Kieffer. Mais le fils aîné tente encore aujourd'hui de reconstituer le puzzle de la vie de son père, marqué par ses engagements et ses combats pour la survie, pour la liberté et contre l'oppression. Marqué aussi par ses failles. 
 

Juif polonais


Rachmil Henri Dorfsman naît à Varsovie en 1919. Sous une mauvaise étoile. Alors qu'il a neuf ans, ses parents juifs polonais doivent fuir les pogromes et émigrer en France. D’abord mineur dans le Nord, le jeune Henri s'engage ensuite dans l’armée comme estafette motocycliste, et obtient la nationalité française. lI est fait prisonnier à Dunkerque, et envoyé quelque temps en camp disciplinaire. 
 

Traducteur pour la Gestapo, et résistant


Nous sommes en 1940, la France est défaite. Henri-Charles Dorfsman décrit comment son père qui parle yeddish et parfaitement allemand, est alors affecté au service traduction de la Gestapo allemande, où il espionne pour le compte des anglais. Démasqué, il est condamné à mort par contumace par le pouvoir vichyste.

 

Engagé dans le Commando Kieffer


Après plusieurs évasions, une grève de la faim et une traversée périlleuse vers l'Angleterre, Henri Dorfsman réussit enfin son pari : rejoindre De Gaulle à Londres. Souhaitant combattre, c’est tout naturellement qu’il s’engage alors au sein du 1er bataillon de Fusiliers Marins Commandos, désormais plus connu sous l'appellation de Commando Kieffer. Il y rencontre deux saint-pierrais : René Autin et Georges Messanot, et y cotoie peut-être également Edouard Jaccachury, lors d'entraînements extrêmement difficiles.
 

Le Commando Kieffer


 

" Ce que nous racontait notre père, c'est que c'était des entraînements particulièrement dangereux. Ils rampaient sous des barbelés pendant qu'on leur tirait dessus à balles réelles. Beaucoup d'entre eux sont morts lors d'accidents. " - Henri-Charles Dorfsman


 Henri-Charles Dorfsman rend hommage à son père. Il est interrogé par Martine Briand.

6 juin 1944 : Henri Dorfsman débarque en Normandie

Henri Dorfsman (à gauche), le 5 juin 1944

Le D Day


Après deux ans d'entraînement intensif, vient le Jour J pour 177 des bérets verts du Commando.

À lire aussi > René Autin et Georges Messanot, deux Saint-Pierrais parmi les soldats du D-Day

Acheminés dans les barges anglaises en pleine tempête, ces seuls soldats français du Débarquement s'élancent arme à la main sur la plage de Ouistreham au petit matin du 6 juin 1944. Un D Day sanglant et tragique auquel Henri Dorfsman a survécu, et dont il a perpétué le souvenir auprès de ses enfants. 
 

" Ils avaient conscience qu'ils risquaient tous leur vie, et qu'il n'y avait pas de retour en arrière possible. [Sur la plage] il y avait des gens qui mouraient autour d'eux. C'était un déluge de fer et de feu. "

 

La sécurisation de Ouistreham

 

Miraculé


Au terme de 83 jours de combats en Normandie, pied à pied, quartier après quartier, le Commando Kieffer ne compte plus que 25 miraculés ni morts ni blessés. Henri Dorfsman est parmi eux. Dans les mois qui suivent, les bérets verts sont déployés sur d'autres théâtres d'opération. Après la victoire, Henri Dorfsman officiera même un temps comme garde du corps du Général De Gaulle. Mais il restera à jamais marqué par le Débarquement. 
 

"  Il n'y avait pratiquement que ça qui comptait dans la vie de mon père : ce qu'il avait fait en Normandie. " - Henri-Charles Dorfsman

 
Deux survivants du Commando
Alors que la France célèbre le 76ème anniversaire du Débarquement en Normandie, deux des bérets verts du D Day témoignent encore de la bravoure du Commando Kieffer : Léon Gautier a bientôt 98 ans, et Hubert Faure, 106 ans.