Caillassages, cambriolages et manque d'eau : voilà le quotidien de Célia Vigneau, enseignante de technologie en lycée professionnel à Mayotte. L'archipel de l'océan Indien est confronté depuis l'an dernier à de nombreuses crises, qui affectent directement la vie de ses habitants.
"Il y a des affrontements entre villages, ça ressemble à une guerre civile", raconte la jeune femme. Les caillassages, incendies de voitures et de maisons sont fréquents. À cela s'ajoute la pénurie d'eau, qui touche tout l'archipel. "Pendant la saison sèche l'an dernier, on n'avait pas d'eau courante pendant 72 heures de rang", se souvient Célia Vigneau.
Agressée chez elle en pleine nuit
Une situation difficile, mais qu'elle parvient à supporter, d'autant que "ma classe est géniale cette année", sourit la jeune femme. Mais tout bascule dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 septembre. "J'ai été réveillée par du bruit dans le salon, au-dessus de ma chambre", raconte Célia. "Je suis montée et j'ai vu cinq jeunes de 15 à 17 ans. L'un d'entre eux m'a foncé dessus, m'a traînée vers mon lit et m'y a maintenue, une main sur la bouche pour m'empêcher de crier."
Pendant ce temps-là, les quatre complices de l'agresseur dérobent tout ce qu'ils peuvent dans la chambre de Célia Vigneau et dans le salon. "Je me suis souvenue que mon téléphone était sur mon lit, j'ai bougé pour m'asseoir dessus et éviter qu'ils ne le trouvent." Les cambrioleurs finissent par lui demander combien de personnes se trouvent dans la maison, et s'il s'agissait d'hommes ou de femmes. "Je leur ai dit qu'il y avait quatre hommes, mes colocataires. Ils sont alors partis".
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L'insécurité au quotidien
Ce cambriolage violent survient moins d'un an après une première agression, subie par Célia lors d'une promenade. "Trois jeunes armés de machettes nous ont dépouillés, nous volant jusqu'à nos chaussettes". Depuis son arrivée à Mayotte, la jeune femme ne supporte plus les bruits d'explosion, et ne se sent pas tranquille lorsqu'elle croise des groupes de jeunes dans la rue.
Célia Vigneau a aussi une pensée pour les Mahorais, qui subissent cette insécurité au quotidien. "Nous, les "métropolitains" sommes de passage, mais les habitants de Mayotte sont confrontés à cette violence tous les jours". Ce sont d'ailleurs de simples citoyens qui ont installé des barrages l'an dernier, pour protester contre la violence ambiante. "J'ai dû les passer à pied, puis faire du stop ou trouver un taxi pour aller jusqu'à la capitale passer mon concours d'enseignante", se souvient Célia.
Quitter Mayotte
C'est justement ce concours, qu'elle a obtenu, qui la retient à Mayotte pour l'instant. "Si je quitte mon poste, je le perds", explique-t-elle. Elle espère malgré tout obtenir une mutation en novembre prochain. "L'an dernier, je voulais rester, malgré toutes les difficultés. On cherche toujours un sens à notre présence, notamment par rapport à notre métier d'enseignant, à nos proches. Mais là, je n'en trouve plus".
L'inquiétude de sa famille la touche également. "Tous mes proches sont à Saint-Pierre. Mon père est très inquiet, ma mère aussi. C'est difficile quand on vit en Outre-Mer d'avoir ses enfants loin, surtout dans ce genre de situation". Peu séduite par la métropole, Célia se dit désormais prête à accepter un poste partout, pourvu qu'elle puisse quitter Mayotte.