Des bouteilles d'eau distribuées par milliers, c'est le quotidien des habitants de Mayotte depuis plusieurs mois. Après la pire sécheresse depuis près de 30 ans, l'île fait face à une nouvelle crise de l'eau.
Des pénuries qui sont récurrentes depuis 1997 mais les archives montrent des problèmes déjà présents dès la fin des années 80. Comme ici à Bandréle, en 1989, où du matériel défectueux a fait cesser l'alimentation en eau de la ville.
Quelques années plus tard, l'évolution démographique de Mayotte est devenue préoccupante. Toujours aussi peu d'eau pour beaucoup plus d'habitants et des travaux toujours aussi lents.
"Les travaux seront, à coup sûr je pense, exécutés à la fin de l'année 96 et à partir de 97 la population de Mamoudzou devrait bénéficier d'eau 24 heures sur 24 pendant toute l'année." estimait un ingénieur interrogé à l'époque.
Plus de vingt ans après en 2016, l'état des infrastructures ne permet pas de supporter la sécheresse qui frappe l'île et qui pousse les autorités à programmer des coupures d'eau. Certains n'hésitent pas à pointer les responsables.
Il y a des gens dont le métier c'est de régler ses difficultés, qu'ils les règlent ! Il y a des gens dont le métier c'est de sanctionner les contrevenants par rapport à la protection de l'environnement. Il faut qu'ils fassent leur travail sans états d'âmes.
Cris Kordjee, responsable de l'antenne du conservatoire du littoral de Mayotte (2016)
Suite à cette crise, l'État engage 17,3 millions d'Euros l'année suivante dans le cadre d'un "plan eau" et deux ans plus tard la situation n'a pas évolué pour les Mahorais.
"À chaque fois que l'on va ouvrir le robinet, on se dit : " est-ce qu'il y a de l'eau ? Est-ce qu'aujourd'hui, il y en a ? Tous les jours, on a cette crainte au fond de nous." s'interroge une Mahoraise.
La potabilisation de l'eau est la seule solution pour Mayotte qui dépend essentiellement de ses deux retenues collinaires. La crise de 2023 et ses conséquences auront encore montré l'urgence de l'amélioration de ses infrastructures. Au cœur des débats aujourd'hui, la construction d'une troisième retenue et d'une deuxième usine de dessalement ; des projets qui deviennent vitaux face à la répétition des périodes de sécheresse.
Un récit de Selim Oumeddour avec des images de Mayotte la 1ère.