En décembre 1941, l'ordre est donné par le général de Gaulle : libérer Saint-Pierre et Miquelon. À cette période, alors que le régime de Pétain est installé en hexagone, l'archipel est dirigé par un représentant de ce gouvernement vichyste. Ce dernier empêche, jusqu'au 24 décembre 1941, toute tentative de libérer le territoire.
Pierre Manenti, historien spécialiste du gaullisme, détaille : "Le ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon est une opération "de longue haleine", avec de premiers jeunes marins évadés de l'archipel dès juin 1940 et une tentative de plébiscite en faveur de la France libre étouffée dans l’œuf par l'administrateur vichyste en octobre 1940."
Quatre navires pour une libération
Une tentative étouffée mais la volonté de conserver le territoire français l'emporte. Charles de Gaulle ordonne à l'amiral Muselier, à la tête des Forces navales françaises libres (FNFL), de libérer Saint-Pierre et Miquelon. Une libération pour empêcher également toute tentative d'annexion des géants voisins : les États-Unis et le Canada.
Trois corvettes, l'Alysse, avec à son bord Philippe de Gaulle, le Mimosa et l'Aconit arrivent alors dans l'archipel. Un sous-marin, le Surcouf, participe aussi à la libération. Moins d'une heure suffit aux soldats des FNFL pour prendre possession des points stratégiques de Saint-Pierre : la gendarmerie, la poste, TSF.
Philippe de Gaulle et l'Alysse
Parmi les soldats présents pour cette opération du 24 décembre 1941, le fils du Général.
Philippe de Gaulle sert d'abord à bord du Courbet puis intègre le bâtiment-école Président-Théodore-Tissier en novembre 1940 pour une période d'instruction. Il est nommé aspirant en octobre 1941 et affecté à l'Alysse.
Pierre Manenti, historien spécialiste du gaullisme.
S'il est à bord du navire délivrant le territoire en décembre 1941, Philippe de Gaulle n'aurait pourtant pas foulé le sol de Saint-Pierre. "Muselier accoste le quai de la douane avec l'Aconit et le Mimosa (ayant transbordé 25 hommes du Surcouf vers le Mimosa), mais l'Alysse s'amarre à l'extérieur, au niveau de "l'appontement frigorifique", pour organiser une tête de pont en cas de difficulté" précise Pierre Manenti, historien spécialiste du gaullisme.
Une liberté divisée
Dans l'archipel, un mot résonne alors en 1941 : "liberté". Son interprétation divise pourtant les Saint-Pierrais et Miquelonnais : certains rejettent les soldats des FNFL, craignant une nouvelle occupation, militaire cette fois. "60% des inscrits rejetèrent le ralliement à la France libre" indique Jacqueline Nicole-Le Hors dans son ouvrage La Croix ou la bannière (2014).
Le marin et la région
"De retour à Londres après l'épisode de Saint-Pierre-et-Miquelon, l'aspirant Philippe de Gaulle effectue un stage militaire, ce qui lui "sauve la vie", puisque l'Alysse est coulée par une torpille le 8 février 1942" narre Pierre Manenti.
Un drame pour l'archipel, cinq marins de Saint-Pierre et Miquelon perdent la vie dans ce torpillage.
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Après son passage pour la libération de 1941, le lien entre le fils du Général et la région est maintenu. Philippe de Gaulle embarque ensuite à bord de la corvette Roselys, navire escortant les convois de Terre-Neuve. "34 bâtiments accompagnés à travers l'océan arctique en mars 1942" précise Pierre Manenti.
Les explications complètes sur le parcours de Philippe de Gaulle avec Pierre Manenti, historien spécialiste du gaullisme auteur de Les Barons du gaullisme (2024) :