Installé dans le salon de sa maison, le regard tourné vers le gigantesque écran de son ordinateur, Jean-Pierre Detcheverry consulte les relevés de ses deux stations météo. Il faut dire que lorsque l’on s’approche de sa grande bâtisse bordeaux, on ne voit que ça. Installé sur le toit, son équipement surplombe le village. Pluviométrie, anémométrie (vent), température, pression, rien où presque n’échappe au Miquelonnais.
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Un dispositif, qui témoigne de sa passion pour la météorologie. Un dispositif qui a un prix aussi. “Environ 1800€”, explique-t-il avec l'œil rieur. “Ma femme m’a déjà dit “Quoi? Aussi chère ?”, c’est vrai ça a un certain coût mais on a tous nos jardins secrets.” Mais aussi et surtout, un équipement efficace et rentable au vu de son utilisation quasi journalière.
“Cette passion, je la tiens de nos anciens.”
Dans sa pièce à vivre toute en bois, les écrans connectés à ses stations se mélangent à la décoration. “Il y en a même un derrière le sapin de Noël”. Quand on lui demande pourquoi la météo et pas autre chose, le Miquelonnais sourit. Cette passion remonte à loin. Il se souvient notamment des anciens qui avaient eux aussi déjà, une certaine expertise. “Quand j’étais petit, mon grand-père touchait constamment son baromètre. Avec la pression atmosphérique, il savait quel temps il allait faire. Cette passion, je la tiens de nos anciens.”
Il la partage aussi et surtout avec d’autres Miquelonnais, tout autant mordus que lui. Notamment Patrick Leloche qui lui aussi a installé tout un dispositif pour pouvoir analyser la météo en temps réel. “Je compare souvent mes relevés avec ceux de Patrick. Son dispositif est sur le toit de chez Péco donc il y a moins d'interférence avec les autres toitures. Et je crois qu’il est encore plus passionné que moi.”
Toujours est-il que c’est Jean-Pierre qui a été précurseur en la matière. Ce sont en tout cas les mots de Patrick à l’égard de son aîné. Et pour cause, l’homme de 64 ans a été le premier à mettre à disposition ses données sur le site internet Infoclimat.fr dédié aux passionnés de météo en 2011. “Ce que j’aime en fait, c’est de voir si mes relevés sont conformes aux différentes prédictions. Aussi, j’adore voir si on s’approche des records, que ce soit pour le vent ou la pluviométrie.”
“Météo France m’a déjà contacté pour que je leur partage mes relevés.”
Mieux encore, il s’est vu transmettre ses informations à une entité encore plus sérieuse. “Météo France m’a déjà contacté pour que je leur partage mes relevés. C’est gratifiant.”
Mais sa passion ne s’arrête pas seulement aux simples chiffres recueillis. Archiviste dans l’âme, ce féru d'histoire compile également sur son ordinateur plusieurs dizaines de relevés de tempête. Avec pour objectif, comme toujours, de comparer pour mieux comprendre les événements météorologiques d’aujourd’hui. “Les marées et la mer sont un indicateur évident sur la météo à Saint-Pierre et Miquelon par exemple. J’ai collecté énormément d’archives. Mon grand-père en a rédigé quelques-unes, et j’ai souvent été aux archives avec ma photocopieuse sous le bras pour les documenter au mieux. Oui je sais, je suis un peu fou.”
Et quand il ne consulte pas ses archives, différents sites de prédiction météorologiques ou les données de ses stations, Jean-Pierre surfe sur des sites dédié au matériel de météo. Le vent souffle fort dans l’archipel, et bien entendu, son équipement est particulièrement exposé aux petites casses. "Le roulement à billes qui permet de quantifier les rafales de vent se casse facilement. Il faut prévoir de le changer régulièrement vu qu'ici le dispositif tourne continuellement."