Des fous de bassan plein de littoral. Ces oiseaux des mers meurent par centaine sur les côtes de Saint-Pierre et Miquelon ainsi que des provinces maritimes. "Ça a dégénéré au mois de juin, c'était une catastrophe. On n'a pas cet oiseau-là dans notre région mais les autorités ont trouvé plus de 3000 oiseaux sur nos plages, échoués et morts", constate Lewnanny Richardson, biologiste pour l'ONG canadienne Nature New-Brunswick. Il temporise : "A partir de mi-juillet, on a arrêté de voir des fous de bassan mourir. En ce moment, on n'en voit plus du tout [par chez nous]".
Le biologiste se rappelle ses premières découvertes, le 25 mai dernier : "Je travaillais sur la côte avec mon équipe quand on a vu notre premier fou de bassan en train de mourir. Avec un peu de recherche, on a vu que c'était un cas de grippe aviaire. Les jours suivants, on a commencé à voir 10, 15, 30, 40 oiseaux mourant devant nous sur les plages qu'on côtoyait".
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Les fous de bassan vivent en colonie, plus particulièrement sur l'île Bonaventure en Gaspésie. Plus de 100 000 individus y résident, ce qui ne manque pas de faire réagir Lewnanny Richardson : "La distanciation n'est vraiment pas possible pour cette espèce-là. Un virus est donc facilement transférable d'un oiseau à l'autre".
Aucun risque toutefois pour les exploitations avicoles, assure le biologiste. L'oiseau vit principalement en mer et n'a aucune raison de se retrouver sur la terre ferme.
Même si le fou de bassan est le plus touché, d'autres espèces le sont aussi dans une moindre mesure. Selon les constats du canadien, des centaines de great cormorant, des guillemots marmette et quelques goélands ont aussi été retrouvés.
"Ça fait 22 ans que je fais mon métier de biologiste à Nature New-Brunswick et c'est la première fois que ça arrive. C'est une situation pour laquelle on n'est pas prêt. Je compare souvent la situation au déversement de pétrole. Si un déversement de pétrole arrive aujourd'hui, il n'y a personne qui est prêt. Cet hiver, il faudra travailler sur une stratégie de collaboration, essayer de voir comment on peut partager les données", conclut le chercheur.
Entretien de Lewnanny Richardson par Adrien Develay :