Un peu avant 6H du matin, le premier janvier 2025 un couple se présente à la brigade de gendarmerie de Saint-Pierre, il s’agit du directeur de la prison de Saint-Pierre accompagné de son épouse. Ils arrivent de la discothèque, elle aurait reçu des coups de la part d’autres femmes au Joinville, il veut qu’elle dépose plainte.
De ces faits, elle ne dit rien ce matin-là, mais selon les gendarmes "elle sent l’alcool, elle a les yeux vitreux, les vêtements désordonnés, elle hurle sur son mari". Ils ne constatent sur elle "aucune trace de blessures visibles". La femme est trop alcoolisée pour que les gendarmes puissent recueillir sa plainte.
Deux jours plus tard une jeune femme porte plainte et raconte aux forces de l’ordre une toute autre histoire : cette nuit de réveillon, elle est avec une amie au Joinville, après avoir fumé une cigarette à l’extérieur de la discothèque, les deux copines veulent regagner la salle de danse. Une femme d'une quarantaine d'années bloque l’entrée du tambour. Elle ne veut pas les laisser passer, finit par pousser l’une d’entre elles dans les escaliers et lorsque l’autre franchit la porte elle lui attrape les cheveux et secoue sa tête violemment. C’est cette dernière qui témoigne à la barre, elle est la seule des 3 parties civiles présente à l’audience.
Mon corps était bloqué et ma tête allait dans tous les sens.
Une victime
Un geste qui a eu de graves conséquences sur la santé de la victime comme le précise son avocate "elle a perdu du poids, a des douleurs persistantes […] auxiliaire de vie elle ne travaille plus qu’à 50%, elle a du mal physiquement à s’occuper de son petit garçon".
La prévenue n’est pas présente à l’audience mais elle a déclaré ne se souvenir de rien, enfin, pas des coups qu'elle a portés, elle se rappelle en revanche ceux qu’elle aurait reçus. Une version confortée par son mari qui vient tout de même « au secours de son épouse de manière assez tiède » remarque le procureur "C’est pas clair parce que ce n’est pas vrai" insiste Maître Reux, avocate de la partie civile.
La version de la jeune femme agressée est répétée par plusieurs témoins en particulier par un jeune homme, victime lui aussi.
En tentant de lui porter secours, il sera profondément griffé au cou par la prévenue; les photos sont montrées à l’audience, il déclare même "l'avoir vue se porter des coups en criant moi aussi je vais avoir des marques"
"Je suis greffière, je suis intouchable mon mari est le directeur de la prison" hurle-t-elle.
Des propos qui ne passent pas inaperçus, "se présenter comme ça c’est assez symptomatique" remarque le procureur.
C’est purement gratuit [...] une soûlerie d’une personne qui se pense intouchable
Yves Couroux procureur de la République
Le procureur requiert 3 mois de prison avec sursis.
L’avocat de la défense évoque le Joinville et son ambiance, la cohue à la fermeture de l'établissement, la confusion, quelques bagarres qui auraient eu lieu cette nuit-là, il plaide pour sa cliente la relaxe au bénéfice du doute.
Le délibéré sera rendu le 20 mai.