Les fidèles ont pu assister aux différentes messes dominicales à la chapelle de Langlade du 15 juillet au 31 août. "C’est une émotion particulière de célébrer la messe dans un endroit qui ouvre ses portes uniquement sur une période donnée" commente le père Rony, curé des paroisses de Saint-Pierre-et-Miquelon.
"C’est un bond dans le passé"
Cette chapelle a des différences avec les églises actuelles. "Par exemple, celle-ci n’est pas éclairée. Il faut donc des bougies. Ensuite, il n’y a pas de pierre d’autel. Il y a également la nef et la façon dont elle est faite" raconte le curé.
L’intérieur de la structure "est complètement recouvert de lambris de pin, placés verticalement sur les murs. Deux tirants métalliques traversent la nef au niveau de la sablière afin d’aider à la stabilisation de la chapelle. Apparemment, ces tiges ont été installées après la construction du bâtiment, par crainte de le voir abattu par le vent" détaille le site de la Colo de Langlade, propriété de la Mission Catholique de Saint-Pierre et Miquelon.
Cette chapelle a une histoire. Quand on y entre, c’est un bon dans le passé.
Père Rony, curé des paroisses de Saint-Pierre-et-Miquelon
Autre élément historique que comporte le lieu : la cloche. Cette dernière porte une inscription sur une frégate finlandaise de 1774.
Une chapelle construite à la suite d’une promesse
L'édifice est dédié à Thérèse de Lisieux, canonisée en 1925. Selon une anecdote relayée par la Colo de Langlade, "en 1927, un hiver très froid rendait la navigation dangereuse. Ce jour-là, le "Pro Patria", navire postal de l’archipel, revenait d’Halifax. Le préfet apostolique de l’archipel, Monseigneur Heitz, était à bord. Alors que du large on apercevait l’île de Langlade, sur le pont s’affairait l’équipage cassant à coup de hache, la glace que les embruns d’une mer agitée ne cessaient d’accumuler autour des mâts. Le poids était tel que l’on redoutait un naufrage. Sur le pont, voici Mgr Heitz en prière. Il y avait deux ans que Thérèse avait été canonisée, c’est à elle que le prêtre confiait le bateau et ses marins".
Une promesse devait attirer les bienfaits de la jeune Sainte : si le "Pro Patria" parvenait à bon port, une chapelle serait construite sur l’île en face, à la gloire de celle qui avait annoncé qu’elle passerait son ciel à faire du bien sur la terre. Le miracle eut lieu et dès l’été 1927 la Chapelle Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus s’éleva.
Anecdote relayée sur le site la Colo de Langlade
Une chapelle déjà centenaire ?
La chapelle Sainte-Philomène est la première de Langlade. Elle a été construite "en 1876 sur l’isthme de Langlade. Par manque de ressources, elle se détériora avant d’être renversée au cours de l’hiver 1925-1926. Après cet événement, le clergé décida de reconstruire une chapelle dans un endroit plus abrité et plus fréquenté, sur le site actuel" relate sur son site la Colo de Langlade.
L’édifice actuel, la chapelle Sainte-Thérèse, a été construite "à partir des restes de la chapelle Sainte-Philomène, détruite par le vent" explique le père Rony. "Les vieilles fenêtres avaient été récupérées et réutilisées dans la construction de la nouvelle chapelle" détaille le site de la Colo de Langlade. "Elle fut édifiée par Théophile Vigneau, aidé de cinq ouvriers. À l'occasion de sa bénédiction, le 19 septembre 1927, 17 doris chargés de paroissiens sont venus de l'Ile-aux-Marins assister à la cérémonie".
Selon le père Rony, la Chapelle Sainte-Thérèse "aurait été construite en 1922. Elle serait donc déjà centenaire. Pour certains, elle ne le sera qu’en 2027". Pour cette donnée, le curé se base sur l’ouvrage "Les îles Saint-Pierre et Miquelon, colonie française de l’Amérique du Nord", écrit par Adolphe Poisson, préfet apostolique de l’archipel de 1933 à 1945.
Pour autant, selon le "Foyer Paroissial" numéro 43, publié en 1927 et édité par Monseigneur Charles Joseph Heitz, préfet apostolique de l’archipel de 1922 à 1933, la Chapelle aurait été inaugurée le 18 septembre 1927 par une messe. Cette dernière "est dite par Monseigneur, à l’intention de toutes les personnes qui ont contribué – et qui contribueront encore – à l’embellissement de la chapelle. (…) Cette chapelle de Langlade est vraiment un acte de foi et d’amour envers Dieu et Sainte-Thérèse ! De reconnaissance aussi…"
Monseigneur évoque le souvenir de la nuit tragique du 3 au 4 février 1927 où le "Pro Patria" qui le ramenait à Saint-Pierre avait manqué de sombrer dans ces parages.
Extrait du "Foyer Paroissial" numéro 43, publié en 1927
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"Elle est en mauvais état"
Cette chapelle appartient à la Mission Catholique. Elle est "en mauvais état. Il y a beaucoup de choses à refaire dont la toiture, le clocher et le plancher. Quand il pleut, l’eau rentre et le plancher s’affaisse. Pour la rénover, on a besoin d’environ 100 000 euros. Si on ne la répare pas, elle risque de tomber en ruine" déplore le père Rony.
"Le sujet n'a été qu'évoqué avec la municipalité de Miquelon, sachant que nous serions prêts à la lui donner contre un engagement à l'entretenir car sinon, elle risque de bientôt disparaître" détaille l’abbé Thébaut, ancien curé de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Contactée, la mairie de Miquelon-Langlade n'a pas encore répondu à nos sollicitations.
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Pour la sauver, il faudrait qu’on travaille ensemble. Notre peur est qu’elle disparaisse.
Père Rony
Depuis quelques années, il y a une volonté de la part de quelques habitants que l’édifice soit inscrit au Patrimoine National, à l’instar de sa cloche. Pour le père Rony, cette inscription serait "peut-être une solution".