Plongée dans les 150 ans d'histoire de la première agence Caisse d'Epargne à Saint-Pierre et Miquelon

De son ouverture en septembre en 1874 à son déménagement en 1989, les bureaux de la Caisse d'Epargne étaient situés en annexe des locaux de la maire de Saint-Pierre.
150 ans après son ouverture en septembre 1874, la Caisse d'Epargne Ile-de-France s'est plongée dans ses vieilles archives. Registres, relevés de comptes, livrets d'épargne... Des objets qui nous plongent dans l'histoire de l'archipel.

"Les registres c’est le témoin du temps qui passe", sourit Samy Girardin, le directeur de la Caisse d’Epargne Ile-de-France, devant toutes ces vieilles archives. Pour les 150 ans de l’agence, des reliques d’un autre temps ont pu être ressorties. Parmi elles, le premier registre créé en 1874 lors de l'ouverture de la banque. Mais aussi des livrets et des relevés de comptes datant de l’époque où le Franc CFA était encore de mise dans l’archipel.

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Les pages sont jaunies par le temps. Les couvertures sont partiellement déchirées. "C’est une part de l’histoire de notre territoire", explique-t-il. "Saint-Pierre et Miquelon a toujours été une terre de passage. Et on le remarque avec les archives."

Un premier compte ouvert par le concierge de la mairie

Le projet d'installer une Caisse d'Epargne à Saint-Pierre remonte à 1865. En septembre 1874, elle ouvre véritablement ses portes dans les locaux de la mairie. Puis un petit mois plus tard, le premier compte de l'histoire de l'agence est ouvert. "Il a été ouvert par un monsieur Epaule, le concierge de la mairie, avec un dépôt de 2 francs." À l’époque, ouvrir un compte n'est pas dans les mœurs de la population. En témoignent les débuts difficiles observés par Samy Girardin dans les registres. "Seulement 45 comptes ont été ouverts à la fin de l'année 1874. Ce sont quand même des débuts difficiles"

Le premier registre des comptes courants de l'agence.

Mais au début du 20ème siècle, la tendance s'inverse nettement. La croissance économique liée à la pêche se fait ressentir. Et beaucoup de Saint-Pierrais et Miquelonnais commencent à vouloir épargner et économiser un peu d'argent. 

En 1908, on a pu voir qu'il y avait près de 3000 comptes ouverts pour une population de 6700 habitants.

Samy Girardin

Des usages différents

Ces archives permettent aussi de se rendre compte que les usages ont bel et bien changé avec le temps. Par exemple, à l'époque, les paies étaient versées en liquide par le trésor public. "Il y avait la queue pour venir déposer ses billets." Ses 27 ans de carrière au sein de l'entreprise ont aussi permis à Samy Girardin de voir les usages se transformer. La carte bleue et les services de paiement sur téléphone ont pris le pouvoir, et l'euro a succédé aux francs. Il se souvient de cette transition. "Je me rappelle, les gens retiraient souvent 200 € comme si c'était encore 200 francs."

L'évolution des livrets à la Caisse d'Epargne Ile de France.

Aussi, les prêts n'existaient pas vraiment dans l'archipel. C'est arrivé à la fin des années 80 quand l'agence a fusionné avec la Caisse d'Epargne Ile de France Paris. "En fait, on était autonome ici jusqu'en 1989. Il y avait un conseil d'administration. Donc à part l'épargne... On ne proposait pas plus. Quand on a fusionné, notre offre s'est élargie."

"Je crois que les pompiers sont nos plus vieux clients"

Sur le bureau de Samy, des relevés de compte datant du début du 20ème siècle sont minutieusement rangés dans une chemise avec les autres archives. Parmi eux, celle des sapeurs-pompiers de Saint-Pierre datant des années 1920. "J'ai cherché, et je crois que les pompiers sont nos plus vieux clients", sourit le directeur de l'agence. "C'est drôle, parfois tu vois des figures connues de l'archipel dans certains documents. Comme Maurice Caperon qui a écrit des livres, ou bien Emile Gloanec." 

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Il y a aussi des relevés qui favorisent l'imagination. Comme celui du Cercle Saint-Pierrais datant du début du 20ème siècle et qui donne des idées à Samy. "Je pense que c'est celui des Francs-Maçons de l'époque..."