Un apprentissage mouvementé
À cette époque, Chloé est "soulagée de rentrer sur un territoire épargné par la Covid-19", et se projette peu, imaginant une crise sanitaire rapidement endiguée. Elle prévoit de retrouver son appartement et ses camarades de l'université Polytechnique pour la rentrée des classes. Les mois passent, mais la situation sanitaire canadienne n'évolue pas. Il y a quelques jours, Chloé apprend avec amertume qu'elle "ne repartira pas à Montréal pour la session d'hiver de 2021, l'université maintient tous les cours en distanciel jusqu'à la fin de l'été prochain". Nouveau coup dur pour la jeune étudiante.
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Le génie mécanique est un cursus exigeant, qui requiert beaucoup d'assiduité et d'investissement personnel. "Après avoir assisté à mes 20 heures de cours hebdomadaires, je me consacre au travail complémentaire. Je réécoute les cours enregistrés, j'essaie au maximum de comprendre par moi-même, les profs sont débordés par les mails." Chloé confie à contrecœur, qu'elle remarque "une différence sur ses résultats scolaires". Elle se fait à l'idée que sa réussite scolaire est conditionnée par la situation sanitaire actuelle.
"Mes études, c'est ma vie. Je n'ai jamais pensé à tout arrêter mes études. Mais je me demande souvent si ce que je fais a du sens"
Une autonomie compromise
Le retour au domicile familial comporte aussi son lot de désagréments. À Saint-Pierre, Chloé peine à trouver l'équilibre entre vie sociale et études qu'elle avait réussi à instaurer à Montréal.
"C'est très difficile pour moi de ne pas me laisser déborder par le travail, j'oublie souvent de passer du temps avec mes amis. Il m'est arrivé de rester deux semaines chez moi, sans sortir." Chloé estime être dans un "entre- deux", ni adulte, ni enfant. Son autonomie bridée la maintient en enfance, ses responsabilités universitaires la tirent vers l'âge adulte. Une équation insoluble.
Retrouvez le témoignage de Chloé Beaupertuis dans ce reportage réalisé par Raphaelle Chabran et Jérôme Anger.
Des difficultés financières
À ces inquiètudes, s'ajoutent des désagréments logistiques qui ont pour conséquence des surcoûts financiers. Les parents de Chloé dépensent plus de 1 000 dollars par mois pour la location d'un appartement vide, et le règlement des factures d'électricité, d'internet et de chauffage. Depuis son retour sur l'archipel, l'étudiante n'a plus le droit de toucher la bourse d'études d'un montant de 493 euros. Seuls les frais de scolarité sont encore pris en charge à hauteur de 1 600 euros par an.Flavie Bry revient sur les aides disponibles pour les étudiants en période de crise sanitaire :
Tous les étudiants n'ont pas la chance d'être soutenus par leur parents. D'autres ont aussi fait le choix de revenir sur l'archipel, sans abandonner leur autonomie d'adulte. Depuis plusieurs mois, Marie-Maud Girardin concilie tant bien que mal ses études et son contrat de travail à temps plein. La jeune femme de 25 ans tient à son indépendance financière, quitte à fragiliser son parcours universitaire.
Le témoignage de Marie-Maud Girardin
Les deux étudiantes restent pendues aux décisions gouvernementales canadiennes et disent espérer un soutien de la collectivité jusqu'à leur retour tant attendu à Montréal.