Bernard Briand, président de la Collectivité territoriale de Saint-Pierre et Miquelon : "On a voulu je pense, assassiner ce projet"

Invité du journal télévisé de Saint-Pierre et Miquelon la 1ère, le président de la Collectivité a justifié sa décision d’abandonner l’actuel projet de quai d’accostage des ferries. Il souhaite que l’État participe à trouver une solution alternative.

"Il est temps aujourd’hui de voir les choses différemment, la décision est ferme et définitive", a déclaré Bernard Briand. "je pense qu’on a des bâtons dans les roues", a-t-il ajouté pour justifier sa décision. La ministre de la Mer Annick Girardin, en visite officielle dans l’archipel a dénoncé un "coup médiatique" de la part de la Collectivité. Lundi matin, la ministre de la Mer a rencontré Bernard Briand, mais la ministre a publiquement regretté que le président n'ait pas évoqué le dossier des quais des ferries lors de cet entretien à l'Hôtel du territoire. C’est suite à cette rencontre que le Bernard Briand aurait pris sa décision.

Retrouvez l'intervention de Bernard Briand au journal télévisé de Saint-Pierre et Miquelon la 1ère :  

Le projet s’embourbait

Cela faisait cinq ans que la Collectivité souhaitait mener à bien son projet de quai des ferries. Les élus ont d’abord envisagé l’option du quai d’Interpêche, que le secteur "portuaire, le monde économique et les pêcheurs et la mairie de Saint-Pierre avaient refusé" a expliqué Bernard Briand. Des études environnementales, qualifiés "d’aléas" par le président de la Collectivité ont aussi ralenti le projet.

Et pourquoi pas demain je ne sais pas, une association contre les crabes verts qui viendrait une fois de plus empiéter un projet structurant pour le territoire ? 

Bernard Briand


  

Quelles solutions pour la suite ?

L’abandon de ce projet ne signifie toutefois pas qu’il n’y aura pas de terminal portuaire pour les ferries de la Collectivité. "Aujourd’hui il y a deux options, a expliqué Bernard Briand. La première, c’est l’État tout simplement qui prend à sa charge la réalisation de ce quai." Cette hypothèse semble peu probable en l'état, le statut autonome de la Collectivité de Saint-Pierre et Miquelon lui conférant la compétence exclusive sur le transport inter-îles et avec Terre-Neuve. La seconde option consisterait à réaliser les travaux au quai d’Interpêche pour qu’il accueille les ferries. Mais pour celle-ci, Bernard Briand pose une condition : "Que le terrain soit mis à nu.". C'est à dire que l'Etat prenne en charge les importants coûts de démolition.

C’est une option qu’on est prêts à réétudier parce que je pense que le lieu était idéal.

Bernard Briand

 

Pour cela, le président souhaite que "l’État prenne ses responsabilités et s’organise pour répondre à la demande de la Collectivité." L'ancienne usine de transformation de poisson, fermée depuis dix ans, sert surtout de lieu de stockage au bénéfice de pêcheurs et d'entrepreneurs de Saint-Pierre. Bernard Briand souhaite que l’État trouve une solution pour les reloger afin d’utiliser le quai pour les ferries.

Mais l'hypothèse d'un déménagement de l'accostage des ferries aux quai d’Interpêche soulève une autre question : que deviendra la gare maritime flambant neuve, contruite spécialement sur le site originel du quai de la douane, pour un budget de six millions d'euros ? Le président de la Collectivité a expliqué que "l’actuelle gare maritime pourrait être un centre d’interprétation marin" avec pour but de "valoriser le patrimoine historique du territoire."