Ce n’est finalement pas le hockey sur glace qui l’aura fait rester en métropole. À tout juste 20 ans, Claude Heudes part à Toulouse pour déjà vivre à fond l’une de ses passions. Un an plus tard, il revient dans l’archipel pour devenir chauffeur-livreur dans le commerce de Jean-Claude Briand avant que l’un de ses amis, Lucien Girardin, ne lui conseille de devenir journaliste caméraman. “Je faisais déjà de la photo et j’étais passionné par l’image, je voulais d’ailleurs faire une école de cinéma à la base”, se souvient-il un brin amusé.
Cette fois-ci, c’est vers Montpellier qu’il s’envole à la découverte de ce nouveau métier qui s’impose vite à lui comme une évidence, tout en lui ouvrant au passage les portes de la Radio-télévision française d’Outre-mer (R.F.O) à Paris puis à Saint-Pierre et Miquelon. Chez lui.
L’âme d’un sportif
Journaliste pigiste dans un premier temps, Claude Heudes multiplie les reportages dans l’archipel avant d’être intégré dans les effectifs de la station locale en 1993. “On partait beaucoup en mission à cette époque-là, notamment avec Claudio Arthur”, se rappelle-t-il nostalgique au moment d’évoquer ses déplacements vers les États-Unis ou le Canada comme au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, ou encore au Québec sur les terres d’un certain Guy Lafleur. “Avec Claudio, on aimait le hockey comme la course”, ajoute-il en souvenir notamment des 25 km de Miquelon qu’il a parcouru à 14 reprises. Son meilleur temps ? 1h35’14’’ en 2004.
La passion de ce marathonien l’aura aussi entraîné beaucoup plus loin. Aux côtés de Daniel Moine, il a pu suivre les exploits du triathlète Yannick Arrossaména jusqu’à Hawaï en 2002. “C’était l’une des épreuves les plus dures au monde, c’était le summum pour lui comme pour moi. Je vivais le truc à fond avec beaucoup d’émotion”, se remémore-t-il, “surtout quand il a franchi la ligne d’arrivée avec le drapeau de Saint-Pierre et Miquelon”.
L’âme d’un globe-trotter
Ses aventures, Claude les a toujours provoquées en ayant des idées et l’envie de bouger pour vivre sans cesse de nouvelles choses. Si en 2000, il repart vivre à Paris lors d’un échange de poste, c’est vers l’océan Indien et Mayotte qu’il s’envole en 2007 pour découvrir un nouveau territoire. Il devait y rester six mois. Il y passera finalement trois ans.
De retour à Saint-Pierre quelques mois, Claude ne tarde pas à se trouver une nouvelle destination. Cette fois-ci, il intègre la rédaction de France 3 en Bourgogne à Auxerre où il reste neuf années avant de partir pour Dieppe et la Normandie où il a désormais posé ses valises, il y a deux ans.
“Je connaissais la région et je voulais surtout me rapprocher de la mer car elle me manquait énormément”, se confie-t-il en évoquant l’histoire commune de son archipel avec ce coin de France marqué par la grande pêche.
“Ici, les habitants ont déjà entendu parler de Saint-Pierre et Miquelon et ce n’est pas rare qu’un membre de leur famille y soit parti un jour sur un bateau. Ici j’ai même croisé un gars qui avait travaillé dans l’usine de crabe des neiges”, lance-t-il, visiblement heureux de ne plus avoir à sans cesse expliquer où se situe son territoire. “En Bourgogne, on s’était même amusé à demander aux gens où se trouvait l’archipel et on avait appelé ça “banquise ou cocotier ?”, se souvient-il.
L’âme d’un Saint-pierrais
“J’adore mon île et je la revendique”, poursuit-il en expliquant qu’il ne se reverrait pas pour autant y revenir. “Ce n’est pas que je me sens mal là-bas, bien au contraire. J’y reviens tous les trois ans mais j’ai toujours besoin de bouger et là-bas plus jeune je tournais en rond, j’avais envie d’autre chose et puis j’ai toujours eu cette âme de voyageur”.
Si son métier en métropole l’a déjà entraîné plus loin comme aux Antilles, au Cap Vert ou encore au Maroc, c’est dans l’archipel qu’il garde néanmoins l’un de ses meilleurs souvenirs de reportage. “C’était un magazine sur le Beothuk avec Martine Briand. Nous étions partis cinq jours en mer et je m’étais vraiment régalé. J’adore la pêche et cet univers”, lance-t-il visiblement ému en pensant à son frère qui exerçait ce métier.
À bientôt 62 ans, Claude Heudes semble avoir gardé la même passion. “Je m’éclate toujours dans ce je fais, et j’ai toujours le vent en poupe !”, rigole-t-il au moment de préparer sa prochaine mission au coeur de la Transat Jacques Vabres qui ralliera La Martinique depuis Le Havre à la fin du mois. Un défi de plus pour cet aventurier qui a toujours eu besoin d’espace pour s’exprimer.