Sexualité des jeunes : à qui parler ?


A Saint-Pierre et Miquelon, pas de planning familial. Pour une demande de contraception, des conseils ou un suivi gynécologique, les jeunes filles mineures passent par leur médecin traitant, l’infirmière scolaire ou les sages-femmes de l’hôpital de Saint-Pierre. Est-ce une difficulté ?
Des adolescents se « bécotent » à la sortie du lycée. Une scène habituelle en bien des lieux.
C’est l’âge des premiers émois, mais aussi des premières expériences sexuelles, avec tout ce que cela implique : contraception, risques d’infections sexuellement transmissibles et des questions...
Chaque année, dans les écoles les actions d’éducation affective et sexuelle sont dispensées aux élèves du secondaire à Saint-Pierre et Miquelon. Mais dans l’archipel, il n’y a pas de planning familial.
Pas de structure permettant des consultations gratuites et anonymes, toutefois le médecin scolaire, Dominique Bourel qui officie également en tant que généraliste au Centre de Santé de Saint-Pierre, rassure : « les jeunes ont un contact assez facile avec leur médecin traitant. Ils viennent parfois avec leur mère, ou en couple ». Autre avantage dans l’archipel, le médecin de famille connait en général bien ces jeunes patients et leurs antécédents médicaux.
Dans le cas d’une demande de contraception, la prescription pour une contraception ne se fait que rarement lors de la première consultation. Le médecin insiste sur la nécessité de bien informer sur ce traitement hormonal, ses contre-indications et les complications possibles à long terme.
Les patientes sont parfois très jeunes, même si ce n’est pas la norme.
 
Informer, discuter et prévenir.
 
Un travail pédagogique effectué également par les sages femmes du Centre Hospitalier François Dunan à Saint-Pierre.
Les sages-femmes ont un rôle multiple : « Nous proposons des consultations classiques. Nous pouvons également prescrire des moyens de contraception et des bilans sanguins en conséquence, ainsi que des bilans pour les IST aux jeunes entre 15 et 18 ans », détaille Daphné Yon, sage femme depuis dix ans au sein de l’établissement.
La professionnelle de santé est parfois amenée à discuter de l’IVG, l’interruption volontaire de grossesse, avec certaines de ses patientes. Mais les adolescentes semblent être vigilantes : « Ce n’est pas la population qui a le plus recours à l’IVG », constate Daphné Yon. Peu ou pas de grossesses dites « précoces », mais il faut parfois user de matériel pédagogique pour bien informer les jeunes filles, telles que des illustrations.

Les organes génitaux H/F

 
La contraception d’urgence
 
Avant d’en arriver à l'IVG, les contraceptions d’urgence sont proposées. Et pour les mineures en âge d’expérimenter leur vie sexuelle aux yeux de la loi, c'est-à-dire à 15 ans minimum, la pilule du lendemain est gratuite.
Depuis le 1er juillet 2016, les professionnels de santé peuvent également prescrire une contraception de façon anonyme. Le nom de la patiente n’apparait pas sur l’ordonnance, ni sur la feuille de soin que le pharmacien envoie à la Caisse de Prévoyance Sociale. Pas de trace donc dans les relevés CPS ou mutuelle de la famille.
Au sein de leur établissement scolaire, les élèves peuvent demander à l’infirmière un renouvellement de leur contraception, mais elle n’est pas à même de prescrire en première intention. La référente scolaire peut aussi délivrer directement la pilule du lendemain, des préservatifs mais aussi des tests de grossesse.
Les adolescents peuvent aussi s’en procurer auprès de la Caisse de Prévoyance Sociale à Saint-Pierre ou à Miquelon, et bien sûr dans les pharmacies.

Reportage Linda Saci et Aldric Lahiton

©saintpierremiquelon