Voici quelques années, une première opération d'évacuation "one shot" avait permis une petite respiration dans l'entassement des VHU des plus polluants tant visuellement qu'environnementalement. Un embarquement de ces Véhicules hors d'usage avait été réalisé à destination du Canada. Mais le tas s'était vite reconstitué pour atteindre les près de 4 000 véhicules aujourd'hui : 2 500 sur Saint-Pierre et 1 500 sur Miquelon.
A la suite de deux visites ministérielles (Jean-François Carenco et Philippe Vigier) et d'une prise en main du dossier par le nouveau préfet Bruno André, une solution a fini par être mise sur pied en deux temps : dégraissage du stock existant et création d'un process de traitement pérenne pour éviter sa reconstitution.
ADEME et éco-organismes à la conduite
75 % du financement de ces opérations de collecte et valorisation des déchets sont pris en charge par l'Etat via l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). Le reste est pour les éco-organismes agréés, comme Valdelia sur ce dossier qui recherche des financements externes. Son rôle : "mise à disposition d'expertise et accompagnement du territoire", explique Léa Querrien, responsable DROM COM chez Valdelia.
L'objectif à terme est donc de mettre en place une filière constituée des étapes suivantes :
- collecte des déchets
- Réception sur un site
- Tri des déchets
- Préparation (séparation des matières, dépollution,...)
- Traitement (création d'une matiere première secondaire)
- Exutoire (utilisation de la matière première secondaire créée)
Concernant l'équilibre financier, certaines étapes coûtent de l'argent, d'autres en rapportent comme la revente des matières. Si on additionne les étapes à Saint-Pierre et Miquelon, il n'y a pas de recette à la fin : Ensemble des coûts bruts - recettes des matières = coût net de l'évacuation des VHU
Léa Querrien, responsable DROM COM chez Valdelia
Car dans le cas des VHU sur l'archipel, il est possible aujourd'hui d'aller jusqu'à l'étape de préparation, mais les étapes de traitement et l'exutoire sont prévues au Canada.
Une formation à la compression
Pour l'heure donc, depuis le 25 juin dernier, l'objectif est de désengorger l'actuelle décharge du tas de VHU qui s'amoncelle. Avec une compression de ces véhicules pour réduire leur encombrement et pouvoir ensuite les évacuer vers le Canada. Les ouvriers de l'entreprise locale Guibert Frères retenus pour préparer cette évacuation ont suivi une formation, qui s'est terminée en ce début juillet.
"Le site a été aménagé spécifiquement pour permettre de récupérer les fluides", explique la Préfecture. Et le site est strictement protégé et interdit au public par sécurité. Sur les épaves actuelles compressées, le moteur a été sorti. Plus tard, dans le process de préparation, ce seront les batteries, les pneus, les métaux tels que le cuivre... qui seront exfiltrés avant compression.
Le dispositif pérenne de récupération et de traitement au fil de l'eau des VHU devrait être opérationnel pour la fin de l'année 2024. L'entreprise Autochrome aura en charge la dépollution des véhicules.
Bruno André, Préfet de saint-Pierre et Miquelon
Début 2025, ce sera normalement au tour des VHU de Miquelon d’être traités de la même manière, puis évacués.
Le reportage d'Aldric Lahiton et Jérôme Anger :