"Je me présente je m’appelle Djam et je suis médiateur au musée de Mayotte. Vous savez ce qu’est un musée ? demande le médiateur aux enfants qui se tiennent face à lui. Oui répondent les enfants! Un musée, c’est un endroit où il y a plein de choses, lance une petite fille, des objets du moyen-âge" renchérit son camarade.
Djamadar et les élèves de CE1 de l’école primaire d’Acoua font connaissance. Tel un conteur, Djamadar parle d’une voie forte et articule pour bien se faire comprendre des enfants. Et il n’hésite pas à mimer, décrire et imager ses dires avec de grands gestes.
Le médiateur et chef de service programmation partenariat et développement des publics est là dans le cadre de la semaine européenne. Son objectif est d’initier son assistance à l’archéologie.« Cette année nous avons souhaité valoriser la commune d’Acoua parce qu’a un moment donné, il y a eu des fouilles à Acoua sur le site d’Anstiraka Boira et le musée de Mayotte a voulu valoriser ce travail là. »
Alors le médiateur explique aux enfants que le site d’Anstiraka Boira abritait les vestiges de l’ancienne population d’Acoua. " Moi, mon grand-père, il habitait la –bas, raconte Djamadar. Et du coup, je me suis dit que j’aimerais savoir ou est ce qu’il habitait et comment il vivait, parce qu’on ne sait pas !" Et pour le savoir, l’archéologue, cherche sous la terre. Il creuse, fouille pour retrouver des objets, témoins de cette civilisation et de ses mœurs.
Les élèves et le médiateur se tiennent devant une table sous le préau de l’école. Et sur cette table, trône un petit tas d’objets disparates.
Avant d’examiner et d’analyser ces vestiges du passé, il faut les organiser. Le médiateur identifie d’abord les catégories : roches, coquillages, ossements etc… avant d’expliquer ce qu’est la poterie.
"Qu’est-ce que nous avons ? Des pierres, des objets, des coquillages énumèrent les enfants. Ça c’est un coraux ! s’écrit un petit garçon. Oui, le reprend Djamadar, c’est un corail, très bien," dit-il en saisissant le morceau de corail pour le montrer à l’ensemble du groupe.
"Je vous laisse deux minutes pour ranger les objets selon leur catégorie, par famille" demande Djamadar. Les petites mains s’activent et se saisissent des différents objets. "Regardez ça ressemble à ça un ossement, tous ce qui y ressemble, on va le laisser ici", commande la petite Asma.
La petite fille s’impose vite comme chef de groupe. « J’ai trouvé un coquillage, crie un élève. Tous ses camarades lui donnent alors les leurs et un petit tas de coquillages se forme sur un coin de la table. La petite Asma prend un objet et interpelle son groupe. "C’est quoi ça ? C’est un carreau" ,lui répond Zaïra, sa voisine avant de s’en saisir et de le poser sur la table. "Moi, j’aime bien cette activité je la trouve bien", nous confie Zaïra. Mais il est déjà temps de partir.
Une autre activité tout aussi passionnante et amusante attend les enfants. Le groupe se rend à l’atelier bac de fouille. Ils sont accueilli par Achoura Boinaidi ; chef de bureau acquisitions et recherches au MuMa. "Ici, vous allez faire comme si vous étiez des archéologues. Vous allez fouiller pour trouver des traces de vie passée" annonce la jeune femme.
Au sol, un bac de sable de synthèse est délimité en huit sections. Il sera le terrain de jeux des apprentis archéologues. "Ce bac de fouille, c’est la reconstitution d’une tombe qui a été découverte à Anstsiraka Boira il y a quelques années lors d’une campagne de fouille archéologique et c’est une tombe qui date du 12eme siècle" explique Achoura. Les fouilles ont débuté en 2012 sur le site funéraire d’Acoua.
Autour du bac, les enfants enlèvent le sable avec leurs pelles. Ils ont pour consignes de travailler de manière minutieuse et méthodique. Il leur faut donc fouiller couche par couche et enlever le sable afin ne pas travailler sur une zone sale. Mais les apprentis sont quelque peu dissipés. "Il ne faut pas mettre le sable chez le voisin !" avertit Achoura. Dès qu’ils arrivent sur une matière plus compacte, les élèves doivent prendre leur pinceau et retirer délicatement le sable. Mais Achoura doit encore intervenir : un élève tente de dégager l’objet avec sa pelle. "Prend ton pinceau, sinon tu vas casser l’objet et on va perdre des informations !"
Très vite, les petits archéologues découvrent un squelette en résine. "On a trouvé un corps d’une personne qui est déjà morte. C’est triste hein ?" nous dit Asma. Avec leurs seaux et leurs pelles, les élèves s’amusent comme à la plage. Mais derrière cette activité ludique, le but de l’atelier est d’initier les élèves, les sensibiliser à l’archéologie, apprendre les gestes de base. Mais également faire connaitre le patrimoine mahorais.
"On ne connait pas assez l’histoire de Mayotte. Il faudrait s’intéresser à cela. Et aujourd’hui avec les archéologues qui ont fait plusieurs études notamment, avec la DAC qui sont des partenaires avec la mairie d’Acoua qui nous a facilité la faisabilité de l’évènement plus l’INRAP qui nous a aidé, tous ces partenaires-là , on est en train de travailler pour dire que nous avons un patrimoine historique qui est assez important et qu’il faudrait connaitre. On débute avec Acoua aujourd’hui mais nous allons essayer d’aller sur tout Mayotte avec notre dispositif musée hors les murs" promet Djamadar Saindou, le chef de service programmation partenariat et développement des publics
Samedi aura lieu la journée ouverte au grand public. Atelier de découverte, conférence et exposition attendent les curieux, dans la cours de la mairie d’Acoua.