Les addictions sont tout autour de nous, avec ou sans substances : alcool, drogue, jeux d'argent, médicaments, tabac, sexe, mais aussi de plus en plus, les écrans... Quelle qu'elle soit, il s'agit d'en sortir. Pour sensibiliser un public le plus large possible, la 8ème Semaine des Addictions a démarré ce lundi 7 octobre 2024.
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Parmi les actions au programme, un débat au parc technologique universitaire (PTU) avec des spécialistes de l'addictologie, s'adressant notamment au jeune public. Ce matin, ce sont les élèves du collège Mahé de Labourdonnais qui étaient conviés à y assister. "L'objectif de cette semaine c'est de sensibiliser le plus largement possible sur les addictions. A La Réunion, les problèmes d'alcool, tabac, médicaments etc, i fé énormément de ravage a nout ti péi", regrette Jean-Claude Fanchin, président de l'association les Maillons de l'Espoir, qui compte parmi les initiateurs de l'événement.
Attention aux écrans
Toute la semaine, des acteurs de la prévention et des professionnels de l'addictologie se rendront devant des établissements scolaires de Saint-Denis. Si le public jeune est particulièrement visé par ces actions de prévention, c'est parce qu'ils sont en premier ligne face à certaines addictions, dont des nouvelles. L'addiction aux écrans, par exemple.
L'écran cause beaucoup de problèmes chez les jeunes, nou coupe a nou socialement, de la famille, nou isole a nou, nou voit une perte de sommeil et d'appétit, nou retrouv a nou esclave. Mais on en a besoin aussi pour travailler. Il faut apprendre à ne pas perdre sa liberté face à un écran
Jean-Claude Fanchin, président de l'association les Maillons de l'Espoir
Des résultats qui mettent du temps à être visibles
Ashok Parsad, de l'association Club Animation Prévention, était ce lundi après-midi du côté de la station Bancoul au Chaudron, pour une autre action. "On accompagne pas mal de jeunes", explique-t-il. Tout en reconnaissant que "c'est un travail de longue haleine et dont les résultats ne se voient pas tout de suite".
C'est beaucoup plus tard que les gens reviennent nous voir et nous disent qu'ils ont eu le déclic suite à une intervention, une animation ou autre action. Il n'y en a pas énormément, mais il y a des retours positifs
Ashok Parsad, du Club Animation Prévention
Les opérations comme cette Semaine des Addictions ont des effets positifs, clame aussi Jean-Claude Fanchin des Maillons de l'Espoir. "On a des témoignages d'adulte qui nous disent qu'ils ont été pris dans ce fléau, et qu'après des campagnes de prévention ils ont franchi le pas de venir consulter en centre de soins", raconte-t-il.
Prévention au mail du Chaudon
A proximité du stand dressé tout près du mail du Chaudron lundi après-midi, les membres des Maillons de l'Espoir n'hésitaient pas à engager la conversation avec les passants. "C'est un endroit très animé. Il y a des bars et tout ça, alors on va essayer de sensibiliser les gens sur l'addiction à l'alcool", explique Yvette Lo-Tai-Yam, bénévole de l'association. L'endroit est stratégique pour cette démarche "d'aller vers", souligne Marc Li-Wan-Fong.
Notre objectif ici ce n'est pas de moraliser, ni stigmatiser, mais approcher, accrocher, et peut-être accompagner en étant dans une posture d'aidant. (...) Nous ne sommes pas des professionnels de santé, mais on peut orienter les gens.
Marc Li-Wan-Fong, président du Club Animation Prévention
Le plus important selon lui ? "Susciter la prise de conscience, parce que tant qu'il y aura du déni, il n'y aura pas de début du travail", assure Marc Li-Wan-Fong.
1 Réunionnais sur 3 a déjà fumé du zamal
Selon les chiffres de l'Observatoire régional de la Santé (ORS), en 2022, plus de 5 200 Réunionnais ont été pris en charge dans les Centres de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa), et plus de 700 jeunes de moins de 25 ans ont été reçus par les CJC (Consultations jeunes consommateurs).
En 2021, l'alcool était la substance psychoactive la plus expérimentée chez les Réunionnais. 35% des hommes, et 15% des femmes, disaient en avoir une consommation hebdomadaire. Quant au tabac, son usage était quotidien chez 1 Réunionnais sur 5. Avec un tabagisme davantage fréquent chez les jeunes de 18-30 ans.
Quant au zamal, plus d'1 Réunionnais sur 3 en a déjà fumé au moins une fois au cours de sa vie. 2% des enquêtés disaient en consommer tous les jours.