Partout en France, les praticiens-conseils sont appelés à faire grève ce jeudi 3 octobre, à l’appel de cinq organisations syndicales. A La Réunion, les personnels du service médical de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie étaient mobilisés devant les locaux de la CGSS à Saint-Denis ce matin.
Ce service comprend des médecins-conseils, des chirurgiens-dentistes conseils ou encore des pharmaciens conseils. Tous craignent pour l’indépendance de leurs avis.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Un projet de dissolution et de fusion avec la CGSS
"Un rapport de l’IGAS, l’Inspection Générale des Affaires Sociales, suite à un audit a été réalisé sur nos fonctions et missions, explique Julien Sorlier, infirmier, conseiller en santé au service médical. Il a mis en évidence des points à améliorer et la CNAM, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, a décidé de dissoudre totalement le service médical en le fusionnant dans les caisses, et ici avec la CGSS".
Le rôle des praticiens-conseils
Les praticiens conseils sont chargés de donner un avis médical neutre sur des cas qui leur sont soumis : arrêt de travail, invalidité, etc. Un salarié en arrêt de travail peut être convoqué chez un médecin-conseil qui va vérifier que l’arrêt de travail est justifié, et ainsi permettre le versement des indemnités journalières par la Caisse Nationale d'Assurance Maladie.
Souvent, ces avis profitent aux assurés sociaux. La prise en compte des particularités de chaque cas permet fréquement de maintenir des prestations qui s'arrêteraient si la règle générale était appliquée sans discernement. "Nous sommes là pour assurer la maîtrise médicalisée des coûts, explique le Dr Nathalie Baël, et ça va dans les deux sens, c'est un équilibre. Pas question pour nous de devenir des garants de gestion comptable !"
Ecoutez le reportage de Réunion La 1ère :
Une indépendance menacée ?
Selon Julien Sorlier, infirmier-conseil en santé au service médical, si ce projet de dissolution aboutit, il y aura "un réel danger pour tous les assurés car il n’y aura plus l’indépendance du service médical".
Notre but est d’avoir un regard médical d’accompagnement sur toutes les prestations qui peuvent être apportés aux assurés par les caisses
Julien Sorlier, infirmier-conseil
Même inquiétude pour le docteur Benoît Lavergne, médecin conseil à l’Assurance maladie. "Comme tous les praticiens conseils, on évalue les prestations servies aux assurés en fonction de leurs besoins médicaux, rappelle-t-il. Notre rôle est d’établir les bonnes prestations en termes d’arrêt de travail, d’invalidité, d’accidents du travail et de maladies professionnelles notamment".
Une hiérarchie médicale et non administrative
Comme les autres, il veut "garder l’indépendance de nos avis et avoir une hiérarchie médicale et non pas administrative, car elle aura des contraintes plus budgétaires que médicales".
Le risque est que demain les assurés ne puissent plus obtenir les justes prestations auxquelles ils doivent pouvoir bénéficier en fonction de leur pathologie.
Dr Benoît Lavergne, médecin-conseil
Selon ces praticiens-conseils, leur indépendance est "essentielle" à la qualité des avis qu’ils rendent.