Sorties de crises à l'Agence de Santé de Wallis et Futuna

Double sortie de crise en novembre pour l'Agence de Santé de Wallis et Futuna: sociale avec le protocole d'accord signé avec les syndicats après trois jours de grève, et financière avec la signature de deux conventions effaçant sa dette envers les institutions sociales de Nouvelle-Caledonie.   
Le mois de novembre pourrait être salutaire pour l'Agence de Santé de Wallis et Futuna.  L'ADSWF devrait sortir d'une double crise, à la fois sociale avec la fin de la grève des personnels et financière avec l'effacement de sa dette sociale envers la Nouvelle-Caledonie. 

L'Agence était sous tension depuis la mi-octobre quand les syndicats avaient déposé un préavis de grève fondé sur un cahier de revendications en dix points. Le préavis avait été ensuite suspendu après de premières négociations, dans l'attente de réponses du ministère de la Santé.

Les nouvelles de Paris n'ayant pas été à la hauteur espérée, les syndicats ont appelé à la grève, à partir du 3 novembre, les personnels de l'Agence et des hôpitaux de Sia à Wallis et de Kaleveleve à Futuna ainsi que des dispensaires. Un service minimum a été assuré.


"L'Agence va mieux"


Selon la secrétaire générale adjointe du syndicat FO-Santé, Josiane Muliloto les principales revendications portaient sur l'alignement de l'indice minimum local sur le niveau de la fonction publique hospitalière de métropole et sur une revalorisation générale des salaires, bloqués depuis trois , afin de tenir compte de l'inflation.

Sur la mesure en faveur des bas salaires, le directeur de l'ADSWF, Alain Soeur s'était déclaré ouvert dès le début des discussions.
L'alignement sur la métropole se monte seulement à 20 points d'indice pour une quinzaine de salariés, "le ministère de la Santé me suivra facilement sur ce point là", avait il dit. Le salaire minimum actuel est de 240 000 Francs Pacifique mensuels (environ 2000 Euros).

En revanche, Alain Soeur s'était montré beaucoup plus réticent sur une augmentation des salaires pour l'ensemble du personnel, soulignant que les salariés avaient obtenu en 2014 "des avantages d'un montant total de 300 000 Euros qui sont tombés dans leur escarcelle". 
La nouvelle hausse demandée atteindrait, selon lui, une somme de "700 000 Euros, totalement insupportable pour l'Agence".

Le directeur avait admis que l'ADSWF "allait mieux au plan financier...après un effort considérable de l'Etat... pour remettre l'Agence sur les rails".
Mais il avait lancé une mise en garde: "les personnels se disent... qu'ils aimeraient profiter un peu de cette embellie. Mais il faut éviter que l'agence retombe dans ses travers et que de nouveaux avantages recréent le déficit et la dette".

Après trois jours de négociations ininterrompues, un protocole d'accord syndicat-direction a été signé le 5 novembre, tard dans la soirée, en raison de l'attente de validation par les services parisiens du ministère. Au sortir de la réunion le secrétaire général du syndicat FO-Santé, Suliano Uhila, s'est déclaré "satisfait de cet accord qui (bénéficie) à tous les salariés jusqu'aux médecins".

Pour sa part Alain Soeur a justifié la longueur des tractations par la nécessité "de se parler longuement, de prendre le temps" sur des sujets complexes. "On ne s'est jamais déchiré" a-t-il conclu.


Hausse des salaires de 2,5%


Paradoxalement, c'est la mesure annoncée comme acquise, la revalorisation de l'indice minimum qui a été renvoyée à plus tard, un groupe de travail devant étudié la question.
En revanche le personnel a obtenu une augmentation générale des salaires de 2,5%, avec effet rétroactif au 1er janvier 2015. Selon Suliano Uhila, cette hausse rapportera annuellement aux salariés 28 millions de Francs Pacifique (235 000 Euros).

En ce qui concerne l'hôpital Kaleveleve de Futuna secoué par une grave crise en juin, plus question du coup de pinceau urgent prévu avant de gros travaux à terme, selon la déléguée de FO-Santé, sur place. Lesina Masei affirme avoir obtenu la promesse que l'hôpital va être refait à neuf, ce qui retarde le chantier.
Par ailleurs, après le départ contraint de l'ancienne directrice, un nouveau chef d'établissement devrait enfin prendre ses fonctions en janvier prochain.

L'agence de Santé devrait également sortir de sa crise d'endettement en novembre.
Selon Karine de Frémont, directrice de l'Agence française de développement, l'AFD pour la Nouvelle-Caledonie et Wallis et Futuna, deux conventions financières doivent être signées ce mois-ci, l'une entre l'AFD et l'ADSWF, l'autre entre l'AFD et l'Etat.

La directrice affirme que son Agence va totalement effacer la dette de Wallis et Futuna  envers la Nouvelle-Caledonie.  
Il s'agit pour l'essentiel de factures non réglées d'évacuations sanitaires, les fameux EVASAN, qui ont engendré une dette de 21 millions et demi d'euros (plus de 2 milliards et demi de francs Pacifique) envers le Centre hospitalier Gaston Bourret de Nouméa et la CAFAT, la caisse d'Assurance maladie du caillou.

L'AFD va faire un prêt à l'ADSWF et c'est l'Etat qui le rembousera sur quinze ans selon Karine de Frémont.
Pour éviter de nouvelles dettes, le budget annuel de l'ADSWF a été augmenté de 2 millions d'Euros pour atteindre 28 millions et demi d'Euros par an. 
Les responsables locaux estiment déjà ce nouveau montant insuffisant.