Wallis et Futuna: l'aéroport rouvert depuis une semaine!

Le Protocole de sortie de crise
Le jeudi 3 décembre le premier vol d'Air Calin se pose à Wallis-Hihifo. Une semaine s'est écoulée.
Après des discussions difficiles, toutes les parties se sont mises autour d'une table le mardi 1er décembre. Le lendemain matin un accord est trouvé et le blocage levé. Retour sur ce Protocole.
Le ciel de Wallis est resté désespérément vide pendant 12 jours. Les vols internationaux et domestiques d'Air Calin qui rythment la vie du Territoire étaient interrompus. L'aéroport bloqué en permanence par une trentaine de personnes qui se relaient. 
L'origine du conflit est lié à une tension soudaine sur l'emploi foncier. Nous renvoyons à tous nos articles tout au long de ces 10 jours qui ont secoué la vie des îliens.

L'île paralysée

De jour en jour la situation se dégrade dans tous les secteurs: économie avec des produits qui n'arrivent plus, santé avec des médicaments qui commencent à manquer et des Evasans reportées, Education Nationale avec les bacs mis en péril.
La liaison aérienne est véritablement le cordon ombilical qui permet à Wallis et à Futuna de vivre. Sauf à se retrouver comme quelques années après le départ de l'armée américaine à ne vivre que des cultures locales et à s'habiller avec de tapa...


La négociation s'est ouverte le mardi 1er décembre à 16h30 entre la Grande Chefferie et le Préfet. En présence du nouveau représentant du Conseil Economique et Social et Président de la Commission permanente de l'Assemblée Territoriale.
Un climat tendu où des mains ne se serrent pas en entrée de négociation. Des échanges vifs.
A 19h00 les négociations sont suspendues jusqu'au lendemain 8h00.

Signature d'un Protocole d'Accord

Après encore quelques péripéties, un accord est finalement trouvé pour sortir de la crise. Un Protocole de sortie de crise en 8 points qui liste les difficultés surmontées ou les difficultés à surmonter.
Le premier point est la signature au plus tard le 28 février d'une "convention rappelant les principes en vigueur concernant les emplois fonciers et les travaux d'entretien des abords de l'aéroport".
La clé de compréhension du conflit -l'emploi foncier- et sa résolution -un accord après une mise à plat dans une convention- résident dans ce premier paragraphe.
Les deux points suivants rappellent que la nomination des fonctionnaires d'Etat relève du Préfet et que la gestion des agents de l'aéroport revient à la direction de l'aéroport.
Le quatrième point dégage les coutumiers de suites judiciaires. Retrait des plaintes et engagement de ne pas appliquer les astreintes financières. 
Le cinquième alinéa concerne l'accès privilégié du "lavelua" à l'embarquement. Une "tradition" qui s'applique aussi aux personnalités de premier plan en métropole...

Point 6: la levée du blocage

Point suivant, la levée du blocage. 
L'avant-dernier paragraphe possède une certaine "saveur" pour qui a suivi la chronique agitée des 12 jours de conflit. "Les 2 parties conviennent qu'à l'avenir, toute revendication doit faire l'objet de discussions préalables".
Cela rappelle un mot de Talleyrand lors du Congrès de Vienne où se jouait le sort de la France vaincue après la chute de Napoléon: "Cela va sans dire, Monsieur de Talleyrand!". L'ex-Ministre des Affaires étrangères de Napoléon avait rétorqué "Si cela va sans dire, cela ira encore mieux en le disant".
Le huitième et dernier point est un rappel de l'importance stratégique de l'aéroport "(son) fonctionnement ne peut, en aucun cas, être interrompu compte tenu des besoins vitaux de la population de Wallis et Futuna".
Paraphes, signatures du Préfet, du Secrétaire général d'un côté, de toute la Grande Chefferie de l'autre et du Conseiller économique et social, Président de la Commission permanente.

Le jour même du premier vol, le lendemain de la signature, le Préfet et le Monua  ont tiré devant notre caméra les premières leçons de ces jours de tension. Des enseignements fortement antagonistes...

Prochain rendez-vous des deux parties, le 28 février au plus tard. "Le Protocole donne cette date mais on peut signer avant. On y travaille" révèle la Grande Chefferie. 
En tout cas, même à 22 000 kms de Paris, la "paix des confiseurs" sera respectée.