Municipales : pourquoi ne vote-t-on pas à Wallis-et-Futuna ?

Assis au premier rang, plusieurs chefs de villages du royaume d'Uvea, au palais royal de Mata Utu, lors de la cérémonie du kava du 15 août 2019.
A l’heure où la France vit au rythme des campagnes pour les élections municipales, l’archipel est bien loin de ces préoccupations politiques. En effet, Wallis-et-Futuna demeure, avec Saint-Barthélemy et Saint-Martin, le seul territoire français où il n'y a pas d'élus municipaux. Explications.
Malia* habite Mata Utu, elle vient chercher un acte de naissance pour son nouveau-né. Or, contrairement à la France métropolitaine, cette citoyenne va récupérer le document à la circonscription d’Uvea. En effet, il n’existe aucune mairie sur le territoire.

Pas de mairie, car sur l’archipel s’applique la loi statutaire de 1961, texte fondateur garant d’un certain mode de vie à Wallis-et-Futuna. Celui-ci adopte les règles coutumières (tant qu’elles ne dépassent pas les limites imposées par le droit français et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen). Par exemple, cette loi permet l’existence de monarchies dans un système républicain.

Cliquez ici pour consulter la loi statutaire en vigueur de nos jours. Téléchargez le document original ci-dessous :

Loi n° 61-814 du 29 juillet 1961 conférant aux îles Wallis et Futuna le statut de territoire d'outre-mer


Pas de mairies… mais des circonscriptions

Ainsi, le territoire de Wallis-et-Futuna se divise en trois circonscriptions, qui correspondent aux trois royaumes coutumiers : Uvea sur l’île de Wallis ; Alo et Sigave sur l’île de Futuna. Ces circonscriptions fonctionnent comme les communes métropolitaines.

Elles assurent différentes fonctions, comme les missions régaliennes et les services de proximité :
  • Délivrance des titres d'identités, tenue de l'état civil.
  • Établissement des listes électorales et organisation des scrutins.
  • Collecte des déchets ménagers, vidanges eaux usées.
  • Entretien voiries et bâtiments collectifs des villages.
  • Protection des personnes et des biens, visites de sécurité, suivi des établissements recevant du public.
  • Développement des relations avec les autorités coutumières.
  • Intendance et entretien du palais royal.
Les trois circonscriptions correspondent aux trois royaumes de l'archipel (un à Wallis, deux à Futuna).
Qui dit pas de mairies, dit aussi pas d’élections municipales, et par conséquent pas de maires. Chaque village de l’archipel est néanmoins dirigé par un chef coutumier. En prenant en considération sa lignée familiale, celui-ci est directement choisi par cooptation entre les villageois, selon les us et coutumes.

Il n’existe pas de calendrier électoral. Un nouveau chef est désigné dès lors que le titre est vacant pour cause de décès, de démission ou de destitution par les villageois.

Le rôle du chef coutumier est d’assurer les missions non prises en charge par la circonscription. Pour se faire, il gère les affaires au cours d'assemblées (fono) qui ont lieu dans une case commune (fale fono). Chaque village bénéficie de subventions de la part de la circonscription à laquelle il appartient. Ainsi, chaque village travaille avec un budget annuel, à l’instar des communes métropolitaines.

Pas d’élections municipales… mais des élections territoriales

De ce fait, les seules élections locales sur l’archipel sont les territoriales. Elles ont lieu tous les 5 ans, en vue du renouvellement de l'Assemblée territoriale. Les dernières ont eu lieu le dimanche 26 mars 2017.

L'Assemblée territoriale des îles Wallis et Futuna comporte 20 sièges dont les membres sont élus au scrutin proportionnel plurinominal de liste à un tour dans cinq circonscriptions électorales plurinominales.

L'île de Wallis est représentée par 13 élus (6 pour le district de Mua, 4 pour le district de Hahake et 3 pour le district de Hihifo) tandis que Futuna compte 7 élus (4 pour la circonscription d'Alo et 3 pour celle de Sigave). Lors de ces élections, plus de 8000 électeurs sont appelés aux urnes.
 
L'Assemblée Territoriale de Wallis.
* Le nom a été changé pour préserver l'anonymat de la personne.
Notre série pédagogique pour tout comprendre sur le statut de 1961 :