En un peu plus de trente ans, le nombre de cas de diabète dans le monde a été multiplié par quatre, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Et ce n'est sans doute pas terminé : une étude de la revue scientifique britannique The Lancet publiée jeudi 22 juin avance que cette maladie touchera 1,3 milliard de personnes d'ici à 2050, contre 529 millions de personnes en 2021.
Passée de 3,2% en 1990 à 6,1% en 2021, la prévalence de cette pathologie, c'est-à-dire le nombre de malades dans une population donnée, devrait atteindre 9,8% en 2050, selon cette étude dont Le Monde s'est fait l'écho.
À partir des données récoltées par le Global Burden of Disease, de l'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), à Seattle (Etats-Unis), l'étude, financée par la Fondation Bill & Melinda Gates, calcule des estimations de la prévalence et de la charge du diabète dans 204 pays et territoires, pour 25 tranches d'âge.
Un diabète de type 2 "en grande partie évitable"
Actuellement, les régions du monde les plus touchées sont l'Océanie (12,3% de prévalence) et l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient (9,3%). L'étude avance qu'au Qatar, 76% des 75-79 ans sont concernés par la maladie.
En 2050, modélisent les chercheurs, ces taux devraient encore grimper : 16,8% pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, et 11,3% pour l'Amérique latine et dans les Caraïbes. Sur les 204 territoires étudiés, 89 devraient afficher un taux supérieur à 10%.
Cette maladie chronique peut prendre deux formes : le diabète de type 1, ou diabète insulinodépendant, qui correspond à une production insuffisante d'insuline par l'organisme – dont les causes sont inconnues – et le diabète de type 2, lié à une mauvaise utilisation de celle-ci et qui se caractérise par la présence d'un excès chronique de sucre dans le sang.
Ce diabète de type 2, qui concerne 96% des patients, touche majoritairement les adultes avec des facteurs de risque comme le surpoids, le manque d'exercice et une prédisposition génétique. "Mais il survient désormais de plus en plus souvent aussi chez l'enfant", affirme l'OMS. C'est plus particulièrement au diabète de type 2 que les chercheurs se sont intéressés, le décrivant comme "en grande partie évitable".
Le "racisme structurel et les inégalités géographiques", accélérateurs de la maladie
Selon les chercheurs, cette hausse de la prévalence du diabète s'explique principalement par l'augmentation de l'obésité, elle-même causée par de multiples facteurs. "La prévention et le contrôle du diabète de type 2 demeurent un défi permanent", écrivent-ils. "Le rythme rapide auquel le diabète se développe est non seulement alarmant, mais il représente aussi un défi pour tous les systèmes de santé dans le monde, en particulier compte tenu du fait que la maladie augmente également le risque de cardiopathie ischémique et d'accident vasculaire cérébral", alerte le Dr Liane Ong, autrice principale et scientifique à l'IHME.
D'après l'étude de The Lancet, d'ici à 2045, plus des trois quarts des adultes diabétiques vivront dans des pays à faibles revenus. Dans un article distinct publié jeudi, également dans The Lancet, les chercheurs mettent en évidence "le rôle du racisme structurel et des inégalités géographiques" dans l'exposition au diabète.
En France, une prévalence plus forte en outre-mer
Ainsi, aux Etats-Unis, la prévalence est presque deux fois plus importante chez les Hispano-Américains que chez les Blancs. En Australie, les populations aborigènes subissent les dégâts de l'inégalité d'accès au diagnostic et aux traitements, avec des taux d'hospitalisation et de mortalité liés au diabète quatre fois plus élevés que dans la population générale.
En France, d'après Santé publique France, les taux de prévalence les plus élevés sont observés dans les départements d'outre-mer. "À structure d'âge identique, la prévalence est deux fois plus élevée à La Réunion que sur l'ensemble du territoire. Elle est 1,8 fois plus élevée en Guadeloupe et 1,5 fois plus élevée en Guyane et à la Martinique", rapporte SPF.
Pour éviter le diabète, l'OMS préconise d'"atteindre et de conserver un poids sain", de pratiquer au moins 30 minutes d'activité physique par jour, d'avoir une alimentation saine et de ne pas fumer de tabac.