Séminaire du Comité de décolonisation des Nations Unies

Manuel Terai (au centre) représentait le Président Edouard Fritch lors du séminaire du Comité de décolonisation des Nations Unies, aux Caraïbes.
Le séminaire pour "le futur de la décolonisation dans les pays non autonomes", organisé par le Comité de décolonisation des Nations Unies s'est tenu du 16 au 18 mai à Saint-Vincent-et- les Grenadines, aux Caraïbes. Le délégué aux affaires internationales, Manuel Terai, représentait la Polynésie.
A l'ouverture du séminaire, le Premier ministre de Saint Vincent-et- les Grenadines, Ralph Gonsalves, a rappelé que tout processus suivi par les Nations Unies doit se faire dans la paix et le dialogue. Le Président du Comité de décolonisation, Rafael Dario Ramirez Carreno, ambassadeur du Vénézuela, a souligné que la situation particulière de chaque territoire mérite une approche au cas par cas afin d'éviter les généralités et prendre en compte les réalités politique locales. Il a mis l'accent également sur le respect des Objectifs de Développement Durable 2015-2030 dans tous les processus en cours. Enfin, il a insisté sur la nécessité de réorganiser les travaux du Comité afin de le revitaliser et de faire en sorte qu’il puisse atteindre ses objectifs.

Pour sa part, le délégué de la Polynésie française a rappelé les propos tenus par le Président Edouard Fritch au siège de l'ONU, à New York, en octobre dernier, notamment sur la reconnaissance par l'Etat du fait nucléaire, sur la maîtrise des ressources naturelles et sur l'intégration du Pays dans son environnement régional. Le délégué a également évoqué l’Accord de l'Elysée signé, en mars dernier, à Paris entre le Président Edouard Fritch et le Président de la République, François Hollande. Enfin, Manuel Terai a rappelé que l'Assemblée de la Polynésie française a adopté le 30 mai 2013 une résolution qui précise que ni le président de la Polynésie française, ni le gouvernement, ni les élus de l'Assemblée de la Polynésie française, n’avaient consulté le peuple polynésien avant l'adoption par l’Assemblée de la Polynésie française, en 2011, appelant à la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser.

La résolution du 30 mai 2013 stipule également qu'il est demandé à l'Assemblée Générale des Nations Unies de reconnaître que la Polynésie française est bien un territoire autonome au sens de la Charte des Nations Unies et donc de ne pas procéder à son inscription sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser. Le délégué de la Polynésie française s'est étonné que cette résolution n'ait jamais été mentionnée dans les travaux du Comité de décolonisation et dans les résolutions de l'Assemblée Générale
des Nations Unies depuis 2013, dont la dernière qui date du 6 décembre dernier.

Le représentant des Samoa Américaines, Daniel Aga, a souligné que sa population ne se considère pas colonisée et que son territoire n'a aucune aspiration à l'indépendance. Ce territoire est libre et jouit de libertés constitutionnelles, aussi bien pour la liberté de la
presse que pour les pratiques religieuses. Il a indiqué, entre autres, que les droits et libertés aux Samoa Américaines sont le résultat d'un processus interne et non d'un statut négocié.

De son côté, le représentant de l'Equateur a rappelé que l'élimination du colonialisme doit se faire en prenant en compte les trois piliers de l'ONU : la paix et la sécurité avec une approche de prévention des conflits, la prise en compte du développement durable
dans le cadre de l'agenda de développement 2030 et le respect des droits de l'homme.

Enfin, le représentant de la Dominique a souligné que les dernières indépendances de territoires n'ont pas abouti grâce au Comité de décolonisation, mais parce que des négociations entre parties prenantes en ont ainsi décidé. Il a insisté sur le fait qu’il ne fallait pas perdre de vue l'objectif final recherché : l'indépendance ou le développement. Il a cité enfin le cas de son pays, situé entre la Guadeloupe et la Martinique, lequel a pris son indépendance en 1978, et qui se trouve aujourd'hui dans un état de développement
très inférieur à celui de ses voisins francophones.

Pour sa part l’expert Carlyle Corbin a proposé des nouvelles voies pour améliorer les travaux du Comité. Il a, dans ce cadre, suggéré de faire essentiellement un suivi du respect des droits de l'homme, de la propriété des ressources naturelles et des valeurs démocratiques.