Des vidéos de ce genre, Erwan Letournel en a des dizaines sur son compte Instagram. À 27 ans, cet informaticien installé à Québec, au Canada, enchaîne les sauts en parachute, avec ou sans tenue d'écureuil volant. Il saute depuis des ponts, des avions, des falaises... parfois même depuis d'énormes immeubles en Malaisie. "J'essaie de me caler trois ou quatre voyages par an, pour trouver les meilleurs spots."
"J'ai commencé en 2015, avec un saut en parachute en tandem", se rappelle ce passionné de sports extrêmes, habitué du parkour, de l'escalade et du vélo de haute montage. "Ça m'a plu. J'ai donc passé une formation pour devenir parachutiste." Pour ce diplôme, il lui faut réaliser au moins huit vols, au départ d'un avion. L'objectif est vite atteint, mais le Saint-Pierrais souhaite aller plus loin : il veut essayer le vol en wingsuit (ou combinaison ailée), une discipline réservée aux parachutistes confirmés. "Je devais effectuer au moins 200 sauts avant de pouvoir tester", commente le sportif. "Fin 2016, j'avais le bon quota."
Voler "comme un oiseau"
Erwan Letournel apprécie particulièrement le wingsuit, même s'il continue aussi à pratiquer sans combinaison. "Ça me permet de planer comme un oiseau. On a vraiment la sensation de voler, tandis qu'en simple parachute, on tombe de manière plus verticale." Le jeune homme affectionne aussi la sensation de vitesse - "j'avance à 200km/h et je chute à 50 km/h" - que lui procure la discipline. "À chaque fois, j'ai un gros rush d'adrénaline."
Le stress et l'adrénaline, le Saint-Pierrais les recherche, mais de manière "maîtrisée". "Je calcule les risques à l'avance. Je ne saute que s'il y a de bonnes conditions météorologiques et que je suis sûr que tout va bien se passer", assure-t-il. "Il m'est arrivé de monter au sommet d'une montagne pour finalement ne pas sauter car le vol m'angoissait tellement que je ne me contrôlais plus."
"Quand on saute en base jump, c'est-à-dire sans avion, et qu'on se lance de la falaise, il faut souvent plusieurs heures de randonnée pour arriver au point de départ. Ça permet de découvrir des paysages magnifiques."
Le jeune sportif pratique généralement dans des lieux connus des parachutistes. "Je n'ai fait que deux sauts qui n'avaient encore jamais été testés avant", se souvient-il. "C'était cet été, en Alberta, et c'était plus compliqué que d'habitude." Il lui a notamment fallu un peu plus de trois jours d'exploration pour choisir un terrain propice à l'atterrissage. "On a des lasers pour mesurer la distance, on vérifie le terrain. Ça rajoute beaucoup de pression."
Des vols "pour le plaisir" et un record collectif
Mais le sportif aime les défis. S'il ne participe à aucune compétition - "je fais ça pour le plaisir" - il n'a pas hésité à prendre part à des projets d'équipe pour établir de nouveaux records. En octobre 2018, il a ainsi réussi à former, avec 42 autres écureuils volants, une figure en forme de diamant dans les airs, près de Chicago, aux États-Unis. Une performance qui leur a permis de se qualifier pour le record du monde.
En novembre de la même année, il a tenté de réitérer l'exploit, avec cette fois 80 autres participants. "On n'était pas loin de l'objectif. Une seule personne n'a pas pu rejoindre la formation." Depuis, le Saint-Pierrais bénéficie de l'aide d'un sponsor, qui lui fait tester un à deux prototypes de combinaisons ailées par an.
"Quand je saute d'une falaise, le vol dure généralement entre 20 et 40 secondes. C'est un peu plus long si l'on se lance depuis l'avion."
Mais Erwan Letournel aime aussi faire des figures. "C'est surtout quand on part du sommet d'un building. Ce sont des sauts de 3 à 8 secondes en chute libre, donc c'est plus rapide, mais on peut faire des backflips, des frontflips, ce genre de chose", explique-t-il. "Je le fais souvent avec des amis... C'est un autre style, mais j'aime beaucoup aussi."
Le jeune homme a déjà sauté seul, mais il préfère le faire en groupe. "C'est ce qui est recommandé. Sur le plan de la sécurité, c'est mieux si quelqu'un sait où l'on est, ce que l'on fait." Quand il voyage, notamment, il essaie de s'entourer d'amis aussi passionnés que lui. "On va souvent en Europe, en Italie, en Suisse ou en Norvège. Ces pays sont pas mal pour le wingsuit", sourit-il. "Sinon, il y a l'Asie et ses grands buildings."
À lire aussi > Immersion en dehors des sentiers battus de Miquelon avec un guide de randonnée
En 2020, Erwan Letournel n'a pas pu se déplacer autant qu'il l'aurait souhaité. "La crise sanitaire a un peu tout chamboulé, comme pour tout le monde." Le jeune homme a néanmoins pu visiter le pays dans lequel il vit depuis qu'il a quitté Saint-Pierre, à l'âge de 16 ans. "J'ai pu me rendre en Alberta et en Colombie-Britannique. Il y a quelques lieux sympas au Canada aussi." Il espère malgré tout pouvoir repartir en 2021, "pour continuer à découvrir les plus belles montagnes du monde."