Ces trois derniers jours d'avril resteront dans l'histoire du Territoire comme les journées des rebondissements. De désaccords en accords... cela se termine ce vendredi soir par un nouveau Lavelua intronisé par les uns. Tandis que les autres occupent le Palais royal.
Tout n'avait pas vraiment bien commencé début avril. La grande Chefferie annonce alors une date d'intronisation et un nom de futur Lavelua, Tominiko Halagahu dont le grand-père avait été roi.. Deux jours plus tard une majorité de familes royales et une autre partie de la chefferie se dresse face à cette décision. Ils la dénoncent comme contraire à la coutume. Dix jours de face à face, de rumeurs, de manoeuvres souterraines.
Le soir, chacun se sépare en proclamant haut et clair que "malgré les désaccords" la volonté de "trouver la paix sociale" l'avait emporté. On allait vers un consensus. A préciser le lendemain. Plus de discussion sur le nom du Lavelua ni sur la date ni sur le lieu. Chacun se sépare en convenant de se retrouver à neuf heures vendredi matin -le lendemain- pour préciser les conditions de l'intronisation.
A onze heures quarante cinq, le minibus de la grande Chefferie suivi d'une petite dizaine de voitures se gare près du fale. Des négociations s'engagent alors pendant près de deux heures. Les deux groupes se séparent en convenant de se retrouver une heure plus tard.
Quinze heures. Seize heures. Dix-sept heures. Dix-sept heures trente. Personne. A dix huit heures, la nouvelle grande Chefferie appelle tous ses partisans. La nuit est en train de tomber. Une atmosphère moite qui rend palpable le malaise qui plane sur la place Sagato Soane. L'espoir d'une entente s'éloigne. Les discussions dans la pénombre expriment cet échec.
Le porte-parole des chefs coutumiers, le Tu'uoko Atonio Taputai, chef de village de Ha'afuasia concclut "nous devions nous retrouver cet après-midi mais l'autre partie n'est pas revenue. Du coup, la décision de kivalu et sa chefferie a été prise : il n'y aura pas d'intronisation de roi demain. Et ses lieux seront occupés juqu'à la semaine prochaine."
Les journaux télévisés en wallisien puis en français font le compte-rendu de la journée. Le titre et les sujets marquent le désaccord. En absence de vérification solide, pas de diffusion d'information non-validée. Prudence et rigueur.
Quelques minutes après la fin des journaux, l'information se vérifie. Tout s'est accéléré dans l'après-midi pour la grande Chefferie en place.
"Nous avons pris la décision à 16h00" explique le monua Pasilite Hensen. Il précise "ce matin on les a rencontrés. La chefferie de Hahake a été chahutée par le public et ils ont été obligés de changer". Pour le monua, la conclusion s'imposait "on a décidé d'introniser le roi. On a pris de court tout le monde!"
Ils ont tenu le Conseil de circonscription (arrêté 19 de la Loi de 1964) qui "transforme un rituel coutumier en acte juridique" commente le monua.
La première délibération informe de la nomination d'un Premier ministre différent de celui accepté la veille. La seconde informe de la désignation d'un Lavelua. Il s'agit du Faipule du nord Tominiko Halagahu. Il a été intronisé en fin d'après-midi lors d'une cérémonie coutumière sous le fale de son domicile à Hihifo.
Pas de caméra autorisée. Notre équipe qui les avait suivis depuis le matin est sommée de faire demi-tour. Sans commentaire.
Côté Etat, nous n'avons pu recueillir la réaction éventuelle du Préfet. Trop tard. En revanche, ce qui est avéré, c'est qu'il a en sa possession trois délibérations... pour le moins opposées.
Et quelques heures plus tard à 19h30 -les deux délibérations des coutumiers qui ont intronisé un Lavelua sont portées à sa connaissance...
La situation se complique. IL ne peut pas arbitrer mais ne pas arbitrer, c'est aussi arbitrer. Les anciens Romains avaient une expression imagée pour qualifier ce genre de dilemme: "tenir le loup par les oreilles". Tant qu'on tient les deux oreilles, pas de danger. En revanche dans le cas inverse...
Du côté de la nouvelle grande Chefferie, pas de réaction publique. L'information est arrivée trop tard. Il ne faut pas douter qu'une riposte ne va pas tarder. Un point de non-retour est atteint. L'intronisation s'est faite dans des conditions et dans un lieu qu'ils ne peuvent accepter.
La crise qui -il y a 24h00- semblait presque terminée va se raviver. Pour l'instant les esprits ne sont pas échauffés. Quelle que soit l'issue, il faudra de toutes façons à terme-sur cette petite île de 95 km2- "vivre ensemble."
Désaccord. Accord. Désaccord
La situation se tend. Premier signal qu'il va se passer quelque chose, mercredi soir : le Palais royal est occupé par ceux qui sont encore les "opposants" à ce coup de force de la grande Chefferie. L'intronisation est compromise. Le lendemain jeudi, revirement! Les uns et les autres -la grande Chefferie en place et la nouvelle grande Chefferie choisie par des familles royales- passent plus de trois heures à discuter sous le fale du Palais royal.Le soir, chacun se sépare en proclamant haut et clair que "malgré les désaccords" la volonté de "trouver la paix sociale" l'avait emporté. On allait vers un consensus. A préciser le lendemain. Plus de discussion sur le nom du Lavelua ni sur la date ni sur le lieu. Chacun se sépare en convenant de se retrouver à neuf heures vendredi matin -le lendemain- pour préciser les conditions de l'intronisation.
Des heures d'attente
Neuf heures. Dix heures. Onze heures. Seuls sont sur place la "nouvelle Chefferie". Plus de cent cinquante partisans sont installés dans le Palais royal et surtout aux alentours. Dans le fale de Hahake, le long du Palais, les chefs coutumiers patientent.A onze heures quarante cinq, le minibus de la grande Chefferie suivi d'une petite dizaine de voitures se gare près du fale. Des négociations s'engagent alors pendant près de deux heures. Les deux groupes se séparent en convenant de se retrouver une heure plus tard.
Quinze heures. Seize heures. Dix-sept heures. Dix-sept heures trente. Personne. A dix huit heures, la nouvelle grande Chefferie appelle tous ses partisans. La nuit est en train de tomber. Une atmosphère moite qui rend palpable le malaise qui plane sur la place Sagato Soane. L'espoir d'une entente s'éloigne. Les discussions dans la pénombre expriment cet échec.
Le porte-parole des chefs coutumiers, le Tu'uoko Atonio Taputai, chef de village de Ha'afuasia concclut "nous devions nous retrouver cet après-midi mais l'autre partie n'est pas revenue. Du coup, la décision de kivalu et sa chefferie a été prise : il n'y aura pas d'intronisation de roi demain. Et ses lieux seront occupés juqu'à la semaine prochaine."
Intronisation d'un Lavelua à Hihifo
La salle s'est vidée. Dans la nuit, à la lumière des phares, les ombres serrées des occupants du Palais royal. Et rapidement, une rumeur : le Lavelua Tominiko Halagahu vient d'être intronisé chez lui, à Hihifo.Les journaux télévisés en wallisien puis en français font le compte-rendu de la journée. Le titre et les sujets marquent le désaccord. En absence de vérification solide, pas de diffusion d'information non-validée. Prudence et rigueur.
Quelques minutes après la fin des journaux, l'information se vérifie. Tout s'est accéléré dans l'après-midi pour la grande Chefferie en place.
"Nous avons pris la décision à 16h00" explique le monua Pasilite Hensen. Il précise "ce matin on les a rencontrés. La chefferie de Hahake a été chahutée par le public et ils ont été obligés de changer". Pour le monua, la conclusion s'imposait "on a décidé d'introniser le roi. On a pris de court tout le monde!"
Deux grandes Chefferies... trois délibérations
Les événements se déroulent comme dans un "roman politique à suspense". Demande de rendez-vous avec le Préfet. A 19h30, ils lui remettent "en mains propres" deux délibérations dûment signées et tamponnées avec le sceau du conseil de circonscription.Ils ont tenu le Conseil de circonscription (arrêté 19 de la Loi de 1964) qui "transforme un rituel coutumier en acte juridique" commente le monua.
La première délibération informe de la nomination d'un Premier ministre différent de celui accepté la veille. La seconde informe de la désignation d'un Lavelua. Il s'agit du Faipule du nord Tominiko Halagahu. Il a été intronisé en fin d'après-midi lors d'une cérémonie coutumière sous le fale de son domicile à Hihifo.
Pas de caméra autorisée. Notre équipe qui les avait suivis depuis le matin est sommée de faire demi-tour. Sans commentaire.
Côté Etat, nous n'avons pu recueillir la réaction éventuelle du Préfet. Trop tard. En revanche, ce qui est avéré, c'est qu'il a en sa possession trois délibérations... pour le moins opposées.
Suite... et pas fin
Retour en arrière..En début d'après-mdi il a reçu celle du Conseil de circonscription de la nouvelle Chefferie. Elle est datée de la veille, le jeudi 14 avril. Elle est signée par le Kivalu (Premier ministre) Mikaele Halagahu et par tous les autres ministres coutumiers. Joint au téléphone par un des journalistes de Wallis et Futuna1ère Marcel Renouf confirme qu'il a bien reçu cette délibération. Il précise qu'il va la publier (elle sera donc au prochain Journal Officiel) dont il ne connaît pas la date de parution. Dans les faits, cette procédure ne sera effectuée que lund i-après le week-end- par le service compétentde l'administration supérieure. Le Préfet rappelle clairement quu'il ne peut arbitrer parce qu'il a de par la Loi "interdiction de s'immiscer dans les affaires coutumières".Et quelques heures plus tard à 19h30 -les deux délibérations des coutumiers qui ont intronisé un Lavelua sont portées à sa connaissance...
La situation se complique. IL ne peut pas arbitrer mais ne pas arbitrer, c'est aussi arbitrer. Les anciens Romains avaient une expression imagée pour qualifier ce genre de dilemme: "tenir le loup par les oreilles". Tant qu'on tient les deux oreilles, pas de danger. En revanche dans le cas inverse...
Du côté de la nouvelle grande Chefferie, pas de réaction publique. L'information est arrivée trop tard. Il ne faut pas douter qu'une riposte ne va pas tarder. Un point de non-retour est atteint. L'intronisation s'est faite dans des conditions et dans un lieu qu'ils ne peuvent accepter.
La crise qui -il y a 24h00- semblait presque terminée va se raviver. Pour l'instant les esprits ne sont pas échauffés. Quelle que soit l'issue, il faudra de toutes façons à terme-sur cette petite île de 95 km2- "vivre ensemble."