L’atelier d’affûtage de Luc Paillette est installé derrière sa maison au quartier Fond Savane à Ducos. L’homme y passe ses journées et voit défiler des habitués qui viennent régulièrement lui confier leurs outils.
Son histoire d’amour avec le métier d’affûteur commence très jeune. Il nous raconte, qu’après le cyclone Edith qui frappe la Martinique en 1963, de nombreux arbres tombent aux alentours de la maison familiale. Il a alors 13 ans et coutelas à la main il se met à couper des branches et débiter des troncs. C'est à ce moment-là que son père ébéniste de métier, lui montre les rudiments de l’affûtage.
Par la suite, le chef de l'entreprise où il travaille l’affecte à l’affûtage, Luc Paillette se forme et après quelques années de pratique il se lance à son compte.
Aujourd’hui, il affûte les scies à ruban des travailleurs du bois, boucher, ferronnier. Il aiguise les coutelas, les couteaux de professionnels et de particuliers mais aussi des outils qui servent à la couture. Avec un sourire en coin, Luc Paillette affirme qu’il peut tout affûter.
Pour nous montrer une partie de son art il prend un coutelas neuf censé être aiguisé mais en fait "pas du tout" à son goût. L’affûteur le passe d’abord à la meuleuse, cela a l’air simple mais c’est le fruit de plusieurs années d’expérience. Après quelques minutes il passe la lame sur un papier à poncer, le geste est sûr et minutieux.
Luc Paillette m’interpelle et me demande de saisir un chiffon. Il passe la lame dessus sans appuyer. Le tissu est coupé en un éclair ! "Là, i pé koupé lang an moustik" (l'outil est si bien aiguisé qu'il peut couper la langue d'un moustique).
Cependant, le travail n’est pas fini. Il passe ensuite l’outil sur une pierre douce pendant quelques minutes. "C'est l’avant-dernière étape avant de passer sur un carré de bois pour adoucir la lame du coutelas" dit-il.