A Saint-Denis, une bande de dalons sauve une gramoune de 90 ans des flammes

Ces jeunes n'ont pas hésité à entrer dans un logement en feu pour secourir une femme de 90 ans
Dans le quartier de Petite-Ile, à Saint-Denis, une dizaine de jeunes ont sauvé in extremis une gramoune de 90 ans piégée dans son logement en flammes, dans la soirée du lundi 6 mai. Retour sur cet acte héroïque dont tout le voisinage continue de parler.

Ils se prénomment Mathieu, Giovanni, Ibrahim, Chakane, Uderse et Bertrand et dans leur quartier de la Petite-Île, à Saint-Denis, ils sont désormais reconnus comme de véritables héros.

Dans la soirée du lundi 6 mai, aux alentours de 20h45, le groupe de dalons n'a pas hésité à affronter les flammes d'un incendie pour aller porter secours à une femme de 90 ans piégée dans son logement.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Mathieu, Giovanni, Ibrahim, Chakane, Uderse et Bertrand sont de véritables héros. Lundi soir, ils ont sauvé une gramoune des flammes dans le quartier de Petite-Ile

Du courage à en revendre

Mathieu Genna, l'un de nos courageux protagonistes, explique avoir vu de la fumée s'échapper de l'habitation. "Mi décide de rentrer le premier pour regarder et essayer d'ouvrir la porte", raconte-t-il. En vain, alors il appelle vite ses amis à la rescousse.

Ces derniers n'hésitent pas une seconde. Giovanny Cady ajoute que faute d'extincteur ou d'un autre système anti-incendie, ils n'ont pas d'autres choix que d'improviser avec les moyens du bord. "On a récupéré des outils et on a essayé de défoncer la porte d'entrée à coups de marteaux".

Bertrand et ses amis ont tenté d'ouvrir la porte du logement en feu à l'aide de marteaux

"Là, y réfléchit pu là !"

"Là, dans ce genre de cas, y réfléchit pu là !, lâche Ibrahim, un autre jeune du quartier qui a donc fourni les outils. la dit a moin na un moune lé prisonnier dans un case na de feu, ben ma la ouvre mon fourgon direct pour trap' tout' et rentrer".

Malgré tous leurs efforts, la porte d'entrée ne cède pas et c'est finalement à l'arrière du logement qu'ils parviennent à entrer. "On a du sauter la barrière, voire même plier la barrière pour faire sortir la dame après. On a dû aussi casser la porte en bois. C'était quelque chose quand même...", confie à son tour Chakane Attoumani.

Chacun son rôle

Uderse Payet, décide lui de prendre un tuyau d'arrosage pour sécuriser ses amis. "J'ai essayé d'éteindre le feu à l'intérieur pendant que les autres essayaient de sortir la dame", confirme-t-il.

Au final, c'est Bertrand Lamy qui localisera la nonagénaire. "Elle était allongée sur le bord de son lit avec une serviette mouillée sur sa tête. Elle était consciente et elle m'a dit "Aide a moin". Je n'ai pas hésité, je l'ai prise dans mes bras et je l'ai emmenée à l'extérieur", confie le gars la cour.

Le fils de la victime reconnaissant

Madame Carpaye, la victime, sera ensuite prise en charge par les pompiers et transférée dans un état grave au CHU de Saint-Denis. Elle se trouve toujours dans un état critique au service des Grands brûlés.

Son fils, Joël Carpaye, salue aujourd'hui le courage de ces jeunes. "C'est un bel exemple de solidarité. Moin lé reconnaissant. Ici tout le monde est là quand on a un problème", tient-il à préciser.

L'espoir d'une médaille

La preuve qu'il ne faut pas réduire l'image de la Petite-Île à un quartier de déliquants, relève Morgane Damour, une habitante impressionnée par cette histoire. La jeune femme indique avoir adressé un courrier à la maire de Saint-Denis Ericka Bareigts afin que le courage et la bravoure de ces jeunes soient reconnus par tous.

Ils pourraient ainsi se retrouver un jour à la préfecture de Saint-Denis pour recevoir, qui sait, une médaille. "On a pris des risques mais té vaut la peine, confie encore Bertrand Lamy. C'est plus le coeur y koz, le courage nous néna tout le temps..."