Les automobilistes empruntant la RN2 n'y font presque plus attention. Depuis quinze ans qu'elles trônent sur les hauteurs de Sainte-Suzanne, les 37 éoliennes du parc de La Perrière, les premières de l'île, sont pourtant en train de brasser leurs derniers alizés.
Moins d'éoliennes, plus de puissance...
L'exploitant du site, TotalEnergies, s'est en effet lancé dans un ambitieux programme de renouvellement de ces machines arrivant en fin de vie. Exit les 37 éoliennes bipales de 10 mégawatts, remplacées par 9 éoliennes de nouvelle génération, capables de livrer 20 mégawatts permettant de produire l'équivalent de la consommation annuelle de 35 000 Réunionnais.
Ces géants de 130 mètres de hauteur, avec des pales de 50 mètres de long, bénéficient en outre de nouvelles avancées technologiques offrant une meilleure adaptabilité au climat tropical.
"On va passer sur des éoliennes tripales et plus armées pour venir sur les territoires cycloniques"
"On était sur des éoliennes bipales, on va passer sur des éoliennes tripales et plus armées pour venir sur les territoires cycloniques", illustre Arnaud de la Hogue, responsable de l’agence océan Indien. "Elles seront protégées pendant les cyclones. Aujourd’hui on a un système qui rabattait les éoliennes. Désormais on aura un système qui va éviter qu’elle vrillent en limitant la résistance."
... mais pas plus de nuisances
L'exploitant assure que le nouveau parc n'apportera pas de nuisances supplémentaires, pour les habitants comme pour la biodiversité. "On a tout un historique de 15 ans d'exploitation de parc pour vérifier les passages des oiseaux, et on a prouvé qu’il n'y avait pas de destruction d’espèces avec nos éoliennes", assure Arnaud de la Hogue. "Et pour les habitants, là on sera au moins à 700 m et il y a aussi - suivant les couloirs de vent ou si on estime qu’il y a une portance du bruit éventuelle - des mesures de bridage qui peuvent être mises en place, notamment en période nocturne."
Un chantier fastidieux, prévu pour durer encore un an. "Il y a une phase démantèlement assez longue, et puis aussi toute la préparation puisqu'on arrive sur des objets qui sont un peu plus importants, donc qui nécessitent pas mal d’adaptations logistiques : grosse grue, convois exceptionnels…" poursuit le représentant de TotalEnergies.
Que les automobilistes se rassurent, ces convois depuis Le Port se feront de nuit, pour éviter de gêner la circulation sur l’île à des moments phares de la journée.
Le gecko s'invite sous les pales
Les travaux ont cependant pris un léger retard, la faute à un invité imprévu. "On s’est rendu compte dans la phase de démantèlement que le gecko qui vivait en lisière de forêt proche de notre parc, mais qui n'était pas là à l’origine, est venu coloniser le haut du parc", reprend Arnaud de la Hogue.
Localisé au niveau des éoliennes 21 à 37, le petit lézard a semble-t-il élu domicile à l'ombre des pâles, ce qui a contraint l'exploitant à suspendre le chantier de démantèlement en juillet dernier, "pour préserver la période de ponte." Des abris ont même été aménagés pour que le reptile endémique "soit plus à l'aise pour venir sur ce type d'abri", assure le responsable océan Indien.
Les travaux doivent reprendre en début d'année, une fois la descendance du gecko assurée. Mise en service du nouveau parc : fin 2022.