Olivier Hoarau sur l'affaire du Cap Sacré-Coeur : "Oui, les mangues et les letchis c'était de l'argent."

Olivier Hoarau comparaît devant le tribunal correctionnel pour trafic d'influence dans l'affaire de l'entension du centre commercial du Port.
Interrogé au procès pour trafic d'influence sur l'extension du centre commercial du Port, le maire Olivier Hoarau a reconnu que les messages échangés à propos de "kilos de fruits" évoquaient bien de l'argent. Mais qu'il s'agissait de prêts de son ami et non de pots-de-vin du groupe Casino.

Appelé à la barre ce mercredi 13 novembre, au premier jour du procès pour corruption présumée dans l'extension du centre commercial Cap Sacré-Coeur, Olivier Hoarau a une nouvelle fois nié tout trafic d'influence dans ce dossier. 

Il reconnaît toutefois que les "kilos de fruits" évoqués dans les conversations SMS avec son premier adjoint Fayzal Ahmed-Vali, dont l'audition a eu lieu ce matin, évoquaient bien de l'argent. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Le maire du Port à la barre dans l'affaire de l'extension du Cap Sacré-Coeur

"Quand on parle d'oseille, de blé, de flouze, de pognon... pour moi c'est la même chose."

Olivier Hoarau, maire du Port,à la barre du tribunal correctionnel

"Un kilo, c'était mille euros"

-"Oui, les mangues et les letchis c'était de l'argent. Un kilo, c'était mille euros" concède le maire du Port. 
-"Mais pourquoi un tel langage ? Ce sont des techniques de voyou...", objecte le président. 
-"C'est une expression qu'on avait utilisée avec Fayzal et que j'ai adoptée également. Quand on parle d'oseille, de blé, de flouze, de pognon... pour moi c'est la même chose", répond Olivier Hoarau. 

Pour le reste, le maire du Port maintient ses dénégations. Oui, il rencontrait des "difficultés financières" et son ami Fayzal lui a prêté de l'argent, des chèques encaissés sur son compte. Non, cet argent ne provenait pas des fonds versés par Casino à des associations communales. 

Pouvoir de nuisance ? 

De toute façon, pour le maire qui a fait campagne sur la "redynamisation du centre-ville", le projet était bien trop avancé par la précédente majorité, et il n'aurait rien pu faire pour l'en empêcher.

L'instruction avait néanmoins mis en avant le "pouvoir de nuisance" bien réel de l'équipe municipale nouvellement élue en mai 2014. À cette époque, les terrains sur lesquels lorgnait le groupe de grande distribution n'étaient toujours pas cédés, et le permis de construire pas encore attribué.

En outre, l'association des commerçants du Port s'opposait fermement au projet, contesté jusque devant la cour administrative d'appel. Mais pour la défense, c'est l'accord passé avec le groupe Casino pour une subvention et une participation à la rénovation du marché couvert qui a incité l'ACP à se désister de son action. 

Une association de muscu bien gonflée

Un peu plus tôt, l'audition d'un témoin de la défense a fait planer un vent de perplexité sur les débats. L'homme se présentant comme président de l'Association Le Port Musculation a tout fait pour disjoindre les flux financiers douteux entre son association et le groupe Casino du cas d'Olivier Hoarau. Quitte à s'accuser lui-même de détournements de fonds. 


"Des dizaines de milliers d'euros utilisés pour des voyages, des fêtes et des batay coq", reconnaît l'homme qui n'a jamais fait l'objet de poursuite. Ce que la défense s'est empressée de souligner. 


L'audience se poursuit ce jeudi 14 novembre, avec les auditions de Bernard Payet, le directeur de cabinet, Eric Heinz, le représentant du groupe Casino poursuivi pour corruption, ainsi que l'épouse de Fayzal Ahmed-Vali, jugée pour blanchiment.