L'enquête l'a décrit comme le "banquier" de l'affaire. Ancien président de l'association des commerçants portois (ACP), premier adjoint au maire, Fayzal Ahmed-Vali est un personnage central du dossier de corruption présumée dans l'affaire de l'extension du centre commercial Cap Sacré-Coeur, dont le procès s'est ouvert ce mercredi 13 novembre devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis.
"J'ai toujours défendu le centre-ville"
C'est lui d'ailleurs qui a été le premier appelé à la barre, pour s'expliquer notamment sur les mouvements d'argents signalés par la cellule Tracfin de 2014 à 2019 entre ses comptes bancaires et ceux d'associations portoises, mais aussi entre ses comptes, ceux de son épouse et ceux du maire Olivier Hoarau, également prévenus au procès.
"J'ai toujours défendu le centre-ville", a maintenu le commerçant portois, expliquant que le retournement de veste de l'ACP survenu à la mi-2014, peu après l'élection d'Olivier Hoarau, était dû à un "deal" réalisé entre l'association et le groupe Casino. En échange du renoncement à son recours devant la cour administrative d'appel contre le projet d'extension, l'association recevrait une aide financière de Casino, qui participerait par ailleurs aux travaux de réhabilitation du marché couvert. Pas de pots-de-vin, donc, mais des "subventions" en bonne et due forme.
Regardez les précisions de notre reporter au JT de Réunion La 1ère :
"J'aimerais bien qu'il le reconnaisse"
Fayzal Ahmed-Vali semble toutefois plus en difficulté au moment d'expliquer les versements effectués à Sirandane, une association qui s'est avéré être "une coquille vide" pour les enquêteurs. "À la demande du maire, j'ai encaissé des chèques de l'association et donné l'argent liquide au maire. Il m'a dit que c'est une association qui voulait faire un don anonyme à un temple tamoul, j'aimerais bien qu'il le reconnaisse", lâche l'ancien premier adjoint.
Le tribunal l'interroge alors sur les activités de cette association dont le président est un employé de mairie. "Je ne sais pas ce qu'ils font, ils sont toujours à l'entrée" répond Fayzal Ahmed-Vali, qui persiste malgré tout à protéger Olivier Hoarau, qu'il considère "comme un frère."
Des "prêts amicaux" à Olivier Hoarau
Sur les versements par chèque entre ses comptes et ceux du maire, "le banquier" apparu éreinté vers la fin de son interrogatoire maintient qu'il s'agissait de "prêts amicaux" réalisés sur ses deniers personnels, alors qu'Olivier Hoarau connaissait "des difficultés financières."
"Je suis commerçant, je gagne beaucoup d'argent", s'est justifié l'adjoint. Étayant ainsi la ligne de défense d'Olivier Hoarau, qui a toujours nié que l'argent reçu du couple Ahmed-Vali provenait des subventions accordées par Casino aux associations communales.
Le maire à la barre cet après-midi
"Olivier Hoarau est innocent, nous avons tous les éléments pour le démontrer", a déclaré l'avocat du maire du Port ce matin au micro de Réunion La 1ère. "Il a hâte de s'en expliquer. Les sommes sur ses comptes proviennent de prêts de ses amis, jamais d'associations directement sur son compte. Dire qu'il en a bénéficié est totalement faux", a martelé Me Sébastien Navarro.
Justement, l'heure des explications a sonné pour Oliver Hoarau, qui sera appelé à la barre ce mercredi après-midi, à la reprise des débats.