Accueil, accompagnement et prise en charge des victimes de violences : Karine Destours, invitée de la matinale

Karine Destours, coordinatrice du dispositif d'accueil des victimes (DAV), invitée de la matinale.
Implanté au Médipôle depuis 2020, le dispositif d’accueil des victimes a déjà accueilli plus de 600 personnes victimes de violences, qu’elles soient conjugales ou intra-familiales. Mais le dispositif pourrait disparaître faute de volonté politique, selon Karine Destours, coordinatrice du DAV. Elle était l’invitée de la matinale le lundi 1er août.

Il y a, en Nouvelle-Calédonie, trois fois plus de victimes de violence physique qu'en Métropole, selon une étude de l’Isee qui vient d’être publiée. Et depuis 2018, le nombre de procédures diligentées pour violences conjugales a bondi de 50 %. Dans neuf cas sur dix, la victime est une femme. L’an dernier, 223 victimes ont été prises en charge par l’équipe qui compose le dispositif d’accueil des victimes. "Il s’agit principalement de femmes, mais aussi d’hommes, qui sont passés de 5 à 12 % en un an. Les femmes sont très jeunes, de moins de 25 ans. Des jeunes femmes enceintes souvent dans des situations extrêmement précaires, sans logement, sans couverture sociale et sans revenus", explique Karine Destours.

Des violences physiques de plus en plus graves

"En un an, nous avons eu quatre victimes qui ont perdu un œil", détaille Karine Destours pour rendre compte de la gravité des faits. Dans la majorité des cas, des victimes de violences conjugales ou intra-familiales qui arrivent aux urgences dans un état grave, et sont dirigées vers le DAV après les soins. "Sur demande de la personne et sur information du personnel hospitalier, nous allons directement en chambre rencontrer la victime. Et parfois, c’est le personnel qui repère des patients en détresse et qui va proposer de nous rencontrer. Ou alors, ce sont nos partenaires extérieurs (dispensaires, assistantes sociales) qui vont orienter les victimes vers le DAV".

Accompagnement pluridisciplinaire

Au sein du dispositif d’accueil des victimes, les consultations sont gratuites et confidentielles. L’accompagnement est pluridisciplinaire : juridique et social grâce à une éducatrice spécialisée. Et dans certains cas, des poursuites judiciaires sont engagées. "Le dépôt de plainte n’est pas systématique mais la moitié des victimes prises en charge le font", souligne Karine Destours. Pour les victimes de droit coutumier, un accompagnement est également proposé, "on va aider à la mise en place des dissolutions coutumières du mariage ou expliquer les modalités de reconnaissance des enfants".

Le dispositif va-t-il perdurer ?

Financé à 80 % par l’Etat et à 20 % par la Nouvelle-Calédonie, pour un budget global de 21 millions de francs, le dispositif d’accueil des victimes (DAV) pourrait ne pas être reconduit l’an prochain, faute de volonté politique. "Les financements s’arrêtent au 31 décembre 2022, nous n’avons aucune information à ce jour. C’était au départ un dispositif expérimental, mais il ne l’est plus depuis le début de l’année", conclut Karine Destours.

Entretien complet avec Sheïma Riahi à retrouver ici.