Après la mort de son chien, elle porte plainte contre la clinique vétérinaire de garde

Gilda Raboteur et une photo deKaïdo
"Instaurer un service de garde vétérinaire nocturne réactif en Guadeloupe" c'est le nom de la pétition lancée par Gilda Raboteur. Le 24 novembre 2023, son chien Kaïdo, meurt des suites de crises convulsives. La propriétaire de l'animal accuse la clinique vétérinaire de garde, ce jour-là, de négligences.

La gorge nouée, les larmes aux yeux, Gilda est encore sous le choc. Le 23 novembre 2023, avant l'aube, son chien Kaïdo la réveille au pied du lit."Il tremblait, il marchait difficilement" décrit la propriétaire de l'American Bully, de trois ans, dont le dernier bilan réalisé dix jours avant ne montrait aucun problème de santé. Rapidement, Gilda décide d'appeler son vétérinaire traitant, elle tombe sur le répondeur qui lui indique le numéro du praticien de garde.

J'ai appelé le service de garde à 4h30, c'était un serveur vocal qui me disait patienter, nous allons vous mettre en relation, appuyez sur dièse et laissez votre message.

Gilda Raboteur

"J'ai passé 17 appels" raconte Gilda, qui démunit, décide de filmer son chien, de 50 kilos, en train de convulser. Une vidéo, qu'elle envoie, dans la foulée, sur le whatsapp du vétérinaire de garde. Plus d'une heure passe, avant, qu'elle obtienne une réponse ce jour-là.

Elle me dit qu'elle n'a pas eu mes appels, qu'il fallait emmener le chien à la clinique. Je lui ai répondu, vous rigolez ou quoi ? Mon chien est en train de convulser et vous me dites de l'emmener à la clinique pendant qu'il convulse ? Là, elle m'a dit qu'il faut peut-être prendre du Valium intrarectal. Elle m'a proposé d'aller à la pharmacie, mais je n'ai pas de prescription. Je lui ai dit que je l'attends à clinique, sauf qu'arrivé à la clinique, il devait être 6h09, elle n'était pas là, elle m'a dit qu'elle est dans les embouteillages.

Gilda Raboteur

Finalement, avec l'aide d'un ami, Gilda amène son chien chez son vétérinaire habituel. Ce dernier va le prendre en charge, avant l'ouverture de sa clinique. Malgré les soins prodigués, Kaïdo meurt le lendemain dans la soirée, le 24 novembre, des suites de crises convulsives. 

Envahie par la peine et l'incompréhension, Gilda dépose une plainte auprès de la gendarmerie et saisie un avocat spécialisé dans la cause animale. Elle accuse la clinique vétérinaire de garde ce jour-là de négligences et souligne plusieurs défaillances dans la prise en charge de nuit. Par ailleurs, elle écrit à l'Ordre national des vétérinaires et à la Société protectrice des animaux, SPA.

Contactée, la clinique vétérinaire incriminée, déclare, pour l'heure, ne pas être en mesure de communiquer. Elle se réserve le droit de rassembler tous les éléments avant de pouvoir donner sa version des faits dans cette affaire.

Gilda Raboteur poursuit son combat, elle a lancé une pétition en ligne, pour : Instaurer un service de garde vétérinaire nocturne réactif en Guadeloupe

Parmi les signataires, Nadia Baitran. Elle déclare avoir vécu une expérience similaire, c'était il y a deux ans. 

21h30, 22h, mon chien tombe malade. J'appelle la clinique de garde, plus de 50 fois. Je suis partie dans la nuit avec mon chien, je suis allée à la clinique directement, fermée. Après minuit, je suis rentrée chez moi, et mon chien est mort dans mes bras.

Nadia Bairtran

La pétition lancée par Gilda Raboteur compte également la signature de Cindia. Le 19 octobre 2023, en début de soirée, sa chienne est mal en point à la suite d'une altercation avec un congénère. "Elle se vidait de son sang" décrit la propriétaire de Loly, qui raconte avoir fait des pieds et des mains pour trouver le numéro du vétérinaire de garde. Finalement, après avoir lancé une bouteille à la mer sur les réseaux sociaux, un internaute lui transfère les coordonnées d'un praticien du Moule. Ce dernier se déplace à son domicile.  

Il a été sauvé par le vétérinaire du Moule, qui nous a bien confirmé que c'était un vrai état d'urgence, qu'il fallait absolument prendre en charge Loly ce soir-là. J'ai appelé la vétérinaire de garde, qui m'a clairement dit : je ne me déplace pas, mettez votre chien dans la voiture et venez à moi.

Cindia Perignon

Comment fonctionne le service de garde vétérinaire en Guadeloupe ?

La Guadeloupe abrite 23 cliniques vétérinaires, réparties sur l'ensemble du territoire. Afin d'assurer la continuité des soins, la nuit et le week-end, le praticien effectue une astreinte. Ce dernier n'a pas l'obligation d'être présent au cabinet, en revanche, il doit être joignable. La vacation débute à la fermeture de la clinique, se poursuit toute la nuit, jusqu'à l'ouverture, le lendemain. En cas d'urgences nocturnes, la prise en charge se fait à la clinique.

Nous ne venons pas sur place le chercher, il faut amener l'animal, tout simplement, pour une question de matériels qui se trouvent à la clinique.

Maud Montigny, présidente de l'association des vétérinaires praticiens libéraux de la Guadeloupe 

En dehors des horaires habituels de consultation du vétérinaire traitant, son répondeur indique le numéro du praticien de garde. En Guadeloupe, plusieurs systèmes d'astreintes existent, établis par région. 

  • En Grande-Terre : la semaine, les cliniques assurent individuellement leurs gardes, puis se regroupent à tour de rôle le week-end.
  • En Basse-Terre et au centre de l'île : les urgences vétérinaires sont regroupées la semaine et le week-end. 
  • Sud-Ouest de la Basse-Terre : les cabinets se partagent les gardes la semaine et le week-end.
  • Trois cliniques sont hors du système, une à Sainte-Anne, une au Gosier, et une autre à Sainte-Rose, elles réalisent leurs gardes, seules, la semaine et le week-end.

Toute la Guadeloupe est couverte par les astreintes vétérinaires, si une clinique ne répond pas, il faut essayer d'élargir le secteur.

Maud Montigny, présidente de l'association des vétérinaires praticiens libéraux de la Guadeloupe,

"Si on est déjà sur une intervention, par exemple, lorsqu'on est en chirurgie on ne peut pas répondre au téléphone, donc dès qu'on a fini, on rappelle le propriétaire" explique Maud Montigny.

Par ailleurs, la présidente de l'association des vétérinaires praticiens libéraux de la Guadeloupe souhaite alerter sur le phénomène du "bashing", dénigrement, auquel seraient confrontés certains vétérinaires. 

Il y a énormément et de plus en plus de bashing contre les vétérinaires, sur les réseaux sociaux. Même au quotidien, on a énormément de gens qui nous font des menaces. Ça ne sert à rien, ça nous décourage. On est là, on fait notre possible pour être disponible. On a travaillé la journée, on travaille aussi la nuit, et en général on travaille aussi le lendemain. On se démène pour les animaux, on les aime, on a fait ce travail, pour ça. Parfois, il y a des ratées, on en est désolée, on le déplore.

Maud Montigny, présidente de l'association des vétérinaires praticiens libéraux de la Guadeloupe