"Cadeaux" d'Urgo : deux pharmaciens condamnés à Saint-Pierre

Plus d'une centaine de pharmaciens réunionnais auraient accepté des cadeaux des laboratoires Urgo, récemment condamnés pour cette pratique illégale
Pris dans la nasse des 120 pharmaciens épinglés pour avoir perçu des "cadeaux" de la part de l'industriel, deux d'entre eux étaient jugés aujourd'hui. Ils écopent de lourdes amendes.

Bouteille de champagne, montres de luxe, boucles d’oreilles Dior, aspirateurs, voyages... Autant de "cadeaux" reçus et non déclarés par un grand nombre de pharmaciens de La Réunion de la part d'Urgo, pour un montant de près d'un million d'euros.


Après les révélations nationales, en 2023, sur les pratiques de ce géant de l'industrie pharmaceutique, une enquête de la Direction de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DEETS), avait été menée à La Réunion sous l'autorité conjointe des parquets de Saint-Denis et de Saint-Pierre. 

La moitié des pharmaciens réunionnais


Les investigations diligentées auprès de l'ensemble des pharmacies de l'île avaient permis d'établir en avril dernier que 120 d'entre eux, soit près de la moitié des professionnels de l'île, avaient bénéficié de ces avantages illicites. 

Deux d'entre eux exerçant à Saint-Joseph et à Saint-Pierre, étaient jugés jeudi 5 décembre devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre pour "perception non autorisée, par un professionnel de santé, d'avantages procurés par une personne assurant une prestation de santé ou produisant ou commercialisant des produits sanitaires" et "perception, par un pharmacien, d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la sécurité sociale."

Pour 31 000 et 38 000 euros d'avantages


Il leur était reproché d'avoir perçu respectivement pour 31 000 et 38 000 euros de "cadeaux" de la part de l'enseigne pharmaceutique Urgo entre 2015 et 2018 pour l'un, et de 2018 à 2021 pour l'autre.

Sur ces périodes, Urgo leur aurait proposé de ne pas accepter le prix "remisé" qu'elle était tenue d'afficher, en l'échange de ces avantages en nature. Par exemple, une boîte de pansements était payée par le pharmacien 10 euros au lieu de 5. Le prix était ensuite répercuté sur le client, et forcément la caisse de sécurité sociale. 

Fortes amendes


L'un des prévenus écope d'une amende avoisinant les 58 128 euros dont 35 000 avec sursis, et la confiscation de 15 000 euros déjà saisis. L'autre a été sanctionné d'une amende de 61 574 euros.

La Deets rappelle que la loi anti-cadeaux existe depuis 1993, a été renforcée en 2017 et est censée être connue de tous les professionnels de santé. Urgo aurait accordé pour 55 millions de ces "cadeaux" à l'échelle nationale entre 2015 et 2021.