Chlordécone: la commission d'enquête parlementaire débarque en Martinique et Guadeloupe

À partir  de ce lundi 16 septembre 2019, nous nous apprêtons à vivre 6 jours riches. Mais le seront-ils en révélations ? La commission d'enquête parlementaire sur le chlordécone va entamer un marathon d'auditions en Martinique puis en Guadeloupe. 
Pendant 6 jours, la délégation va entendre plus de 80 personnes. Si toutes répondent à  l'appel. Pas moins d'une vingtaine de séances d'auditions est prévue pour chacun des territoires. Tous les acteurs du dossier devraient être questionnés : collectivités territoriales, associations civiles, agriculteurs, pêcheurs, professionnels de santé, services de l'État, et même anciens fabriquants de Curlone (le pesticide qui contenait le chlordécone). Il faut dire que les objectifs de la commission d'enquête parlementaire sont ambitieux.
 

Évaluer l'impact économique, sanitaire et environnemental de la pollution au chlordécone


C'est son premier axe de travail. Pour cela la délégation de parlementaires va auditionner les associations écologistes historiques (PUMA, ASSAUPAMAR) mais également les nouvelles organisations (Collectif Lyannaj Pou Dépolyé Matinik ​​​​​​, Collectif Zéro Chlordécone).

Elle devrait aussi entendre les organes de santé (ARS, CGSS) et certains professionnels comme le docteur Charles Quist (Gynécologue). Mais ce n'est pas tout !

La commission veut aller au plus près de la réalité du terrain. Ainsi ses membres se rendront mardi (17 septembre 2019), dans la baie du Robert et sur une exploitation agricole du Nord Atlantique. Les conséquences de la pollution au chlordécone dans les domaines de l'agriculture et de la pêche devraient y être décortiquées.
 

Enquêter sur les responsabilités publiques et privées


C'est sur ce point que la commission est la plus attendue. Alors sans surprise les responsables des services de l'État et les élus seront entendus. Parmi les auditionnés on retrouve logiquement Guy Lordinot. L'ancien député de Martinique avait demandé et obtenu des dérogations pour poursuivre l'épandage de Curlone (pesticide contenant le chlordécone) en Martinique au début des années 90.

En revanche, pour la première fois les responsables d'une société martiniquaise de produits phytosanitaires seront auditionnés. La société Lagarrigue avait en effet racheté le brevet du chlordécone pour créer le curlone, majoritairement commercialisé en Martinique et en Guadeloupe. Lionel de Laguarigue et Henri Ernoult sont attendus ce lundi 16 septembre à partir de 17h à la préfecture de Martinique.
 

Le même marathon en Guadeloupe


À partir du jeudi 19 septembre 2019, place aux acteurs guadeloupéens. Pendant 3 jours (jusqu'au samedi 21 septembre 2019, 16h00), les représentants de l'État, des collectivités, de l'agriculture, de la pêche, les associations civiles vont être questionnées pour un état des lieu complet de la situation face à la pollution au chlordécone.

Remise du rapport attendue en décembre 2019


Les résultats de cette enquête parlementaire seront rapportés par Justine Bénin, députée de Guadeloupe. Ils devront "apporter des réponses concrètes aux populations locales aussi bien sur les questions sanitaires, écologiques ou encore économiques". Ce rapport promet dores et déjà de contenir "des propositions concrètes qui seront portées à l'attention du parlement, du gouvernement et du Président de la République".

Il devra en outre "juger de la nécessité et des modalités d'indemnisation des préjudices subis par les martiniquais et guadeloupéens".

Toutes les auditions seront retransmises sur le site Internet de l'Assemblée Nationale.