Comprendre le blocage de la hausse des loyers

Locaux et appartements en location.
Des loyers gelés pendant 6 mois : c'est l'arrêté provisoire pris par le gouvernement lors du conseil des ministres, mercredi dernier. Cette décision touche les particuliers et les professionnels. Seuls les meublés de tourisme, type AirBnB, sont épargnés. Explications.

La hausse des loyers est indexée sur l'indice des prix à la consommation. Selon l'ISPF (Institut de la Statistique de Polynésie) en 2022, celui-ci a augmenté de 8,5%, en raison de l'inflation. 

Des prix dissuasifs qui n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. Pour une grande partie de la population, les loyers restent élevés et l’arrêté temporaire pris par le gouvernement ne laisse personne indifférent. "Six mois, ça ne sert à rien, estime Jean. Soit ils le font pendant trois ans ou ils ne le font pas. Parce que six mois, ça veut dire quoi ?"

L'arrêté arrive "trop tard"

"D'un côté, c'est bien de ne plus augmenter le loyer, pense Lolita. Parce que, s'ils augmentent, ça devient encore plus cher que ça. Aujourd'hui, c'est déjà assez cher."

La crise Covid, la guerre en Ukraine...des facteurs qui ont provoqué une inflation sans précédent dans le monde. Le fenua n’a pas été épargné.

Pour les professionnels du secteur, la décision prise par le gouvernement arrive un peu tard. "Les prix des loyers sont restés assez bas, analyse Michel Meyer, agent immobilier. On les a augmentés parce que ça avait pris un petit peu et, maintenant, si on n'a pas le droit de le faire, on ne le fera pas. Mais ça ne changera pas grand chose, fondamentalement."

"Maintenant que les prix ont flambé, ça ne sert à rien, assure Merehau, agent immobilier. Qu'ils viennent faire le tour des agences et voir les prix. Une petite famille ne peut pas se loger maintenant. Les prix ont tellement augmenté. Pour moi, cette loi ne sert à rien."

Changement de mode de calcul

Du côté du ministère de l’Economie et des finances, l’objectif est clair : contrer la hausse excessive des loyers, fortement impactés par l’inflation. "Pendant ces six mois, l'ISPF (l'Institut de la Statistique de Polynésie) et la DGAE (Direction Générale des Affaires Economiques) vont réfléchir à un nouvel indice de revalorisation des loyers, explique le ministre, Tevaiti Pomare. Il faut savoir que l'indice actuel prend en compte l'inflation internationale. Le nouvel indice sera plus stable".

Au terme de ces 6 mois, le gouvernement souhaite changer la législation concernant l’indexation des loyers sur l’indice des prix à la consommation.

Dès juillet, cette revalorisation devrait ajuster le coût du bâtiment et des travaux publics. Un projet censé contenir la hausse des loyers.