Contaminés et cas-contact forcés de se rendre au travail, quand l'économie prime sur la santé

La semaine dernière, l'ARS a détecté 16 clusters en milieu professionnel. Cependant, certains employeurs continuent d'exiger de leurs salariés une présence sur le lieu de travail quand ils sont cas-contact voire même testés positif au virus.

Myriam, employée d’une entreprise de services a été testée positif au Covid-19 il y a moins d’une semaine. Alors qu'elle a déclaré plusieurs de ses collègues comme cas-contact, ils ont tout de même continué à venir travailler en présentiel sur ordre de leur hiérarchie.

J'ai été contaminée. Je me suis déclarée, j'ai déclaré des cas-contact à l'ARS, et il s'avère que malgré tout, mes collègues ont continué à aller travailler. Leur absence a été refusée sous prétexte qu'il s'était écoulé 2 ou 3 jours entre le temps où j'ai été déclarée positif et quand on les a officiellement identifiés comme cas-contact.

Myriam

 

Heureusement, les tests de ses collègues se sont révélés négatifs, mais Myriam en est persuadée : sa direction n’aurait aucun scrupule à obliger un employé asymptomatique à venir travailler.

J'ai été déclarée positif, j'ai eu quelques symptômes tels que des maux de tête, et la perte du goût et de l'odorat, qui ne sont pas revenus depuis. Mais je pense que si j'étais asymptomatique, on m'aurait demandé de venir travailler.

 

Chaque jour, l’entreprise est en contact avec des clients, même durant le confinement. Se passer de plusieurs salariés pendant sept jours stopperait net son activité.

Ce qui prime aujourd'hui c'est le chiffre d'affaire, c'est la rentabilité de la société. Si à chaque fois qu'il y a un cas positif, on isole les cas-contact, beaucoup d'entreprises vont fermer. Vous imaginez le nombre d'employés que vous côtoyez dans une journée ? La société va en prendre un coup. Ce n'est pas la santé qui prime, c'est le chiffre d'affaire.

 

Mais la pratique est illégale, l’employeur peut être pénalement sanctionné pour ce comportement, car il a l’obligation d’assurer la santé et la sécurité de ses salariés.

Il y a eu des signalements mais je ne peux pas dire qu'ils soient nombreux, Globalement il faut admettre que les employeurs semblent respecter la réglementation. Il y a toujours des récalcitrants, c'est la raison pour laquelle les services de l'inspection du travail sont si mobilisés pour faire respecter le droit et pour faire en sorte que la santé et la sécurité des salariés soit préservées dans le cadre de cette pandémie.

Alexander Lagrandcourt - directeur adjoint du travail, responsable de l’unité régionale de lutte contre le travail illégal

La direction du travail estime que le protocole national est assez bien suivi par les employeurs.