Démissions au CHPF : le blues des blouses blanches

19 chefs de service du CHPF sur 23 ont déposé leur démission, jeudi 30 mai.
19 chefs de service du CHPF sur 23 ont déposé leur démission, jeudi 30 mai. Épuisement, manque de moyens financiers et humains, les conditions de travail se dégradent à l’hôpital et impactent la prise en charge des patients. Le ministre a proposé une enveloppe de 3,7 milliards de Fcfp pour combler les besoins, mais encore faut-il que ces fonds soient correctement distribués.

Des évasans annulées, des prises en charge tardives... L’offre de soin se dégrade dans le public, au même titre que la santé des Polynésiens. Il faudrait recruter au moins 140 personnes de manière durable pour soigner la population dans de bonnes conditions. 

"Nous aujourd’hui dans le planning des urgences on a des trous. Hier, je n’avais pas de médecin pour faire une évasan par exemple. On a déjà alerté, ça fait déjà des mois qu’on alerte. C’est ça la difficulté. On essaie de prendre en charge des gens avec des équipes qui soient performantes (...) Quel niveau de soin on veut pour la population ? C'est ça la question.", estime Tony Tekuataoa, chef du service des urgences

Des fonds supplémentaires alloués

Malgré la grève à Taaone et Raiatea en janvier 2023, les équipes médicales sont toujours aussi épuisées. Au CHPF, 19 chefs de service sur 23 ont présenté leur démission. Ils se sont réunis ce lundi matin, après deux rencontres avec le ministre de la Santé vendredi et dimanche. Des fonds supplémentaires ont été annoncés pour l’hôpital mais ils n’ont pas encore servi à recruter du personnel.

"Le ministre a fait son travail. Il a trouvé le budget. Il faut maintenant qu’on arrive à faire en sorte que ce budget soit vraiment utilisé à pérenniser des postes et à avoir du matériel. Il ne faut pas que le budget aille systématiquement sur des enveloppes qui sont peut-être nécessaires à combler des déficits", explique Laure Baudoin, chef département anesthésie et réanimation et vice-présidente de la commission médicale d’établissement.

"Les nouveaux fonds que j’ai débloqués, je leur ai expliqué qu’en fin de compte ils étaient fléchés pour pérenniser les postes et pour pouvoir avancer là-dessus. C’est bien pour cela qu’on a fait une dotation exceptionnelle en dehors de la dotation prévue initialement pour payer les dettes. C’était pour ça. C’était pour que ça soit vraiment bien ciblé sur le fonctionnement et qu’ils aient cette garantie-là."

Cédric Mercadal, ministre de la Santé

 

Autres problèmes : des services administratifs surmenés et un statut caduc. Les nouveaux arrivants qualifiés restent très rarement plus d’un an. Les rémunérations sont peu attractives, les heures de travail explosent, sans compter les week-ends et les nuits d'astreintes.