"C'est cher ! L'huile d'olive est quand même à 1990 francs, alors que d'autres magasins c'est moins cher. Par contre la moutarde ça va, elle est à 535 francs." C'est le genre de réflexion que l'on peut entendre dans les rayons des supermarchés en ce moment. Les consommateurs prennent le temps de regarder et de comparer les prix, avant de mettre leurs courses dans leur caddie.
Des consommateurs exaspérés mais résignés
En poussant son caddie, une dame témoigne : "On regarde les prix, on fait attention parce qu'on a un budget donc il faut vraiment respecter ce budget. Les prix ont augmenté, beaucoup. Tout le monde le sait, depuis le Covid." Dans le rayon fruits et légumes, on se pose des questions sur la logique des prix. Un homme constate : "ça fluctue beaucoup, en particulier les produits locaux. On a du mal à avoir des légumes comme les tomates, les salades, c'est toujours difficile d'en trouver et de bonne qualité. Et pour les tomates, les tomates importées sont à 480 francs le kilo, les locales sont à presque 800 francs. Allez comprendre quelque chose."
Un autre homme ajoute : "Pour moi ce n’est pas encore fini. Là en Europe ça ne va pas très bien , donc ça peut se répercuter en Polynésie dans six mois. Ça augmente légèrement mais ça augmente toujours, ça ne baisse pas."
De nouveaux comportements dans les rayons
En 24 ans de service dans le rayon boucherie, fromage, charcuterie et snacking, Ben a vu le comportement des clients changer radicalement. Il explique : "Les clients, ils viennent avec leur calculatrice. Et ça, c'est un comportement qui n'existait pas avant, c'est nouveau. Et maintenant ils ne viennent même plus avec un petit caddie, ils viennent avec un carton. Des fois les gens, par rapport à leur budget, ils s'orientent vers le "zéro gâchis". Ce sont des prix à moins 50%. Même les gens qui ont les moyens font attention."
Les sacs de courses sont moins remplis qu'avant, et si le prix reste le premier critère d'achat, la qualité aussi est importante. Pour réunir ces deux conditions, Lane et Serge se dirigent avant tout vers les produits en promotion : " il y a des produits déclassés, comme le poisson, le thon, qui est déjà passé d'une certaine date. On trouve des choses intéressantes et pas chères. Comme un carré de saumon à 300 francs au lieu de je ne sais plus combien. Des madeleines, le pâté de lapin à 200 francs."
Le thon coupable de l'inflation de mars
Selon l'institut de la statistique de la Polynésie française, les intempéries du mois de février dernier ont fortement impacté la pêche au thon. Résultat : la hausse des prix est liée au prix du poisson, comme l'explique Nadine Jourdain, la directrice de l'ISPF.
"Sans les poissons, la hausse des prix serait de 0,2%. Les poissons représentent donc les trois quarts de la hausse des prix du mois de mars. Il y avait déjà des hausses de prix liées à la reprise du Covid. Et donc cette hausse de 2022 elle est toujours là, elle est toujours subie par les familles. Parce que les prix n'ont pas baissé, ils augmentent moins vite. L'inflation ralentit, ça signifie que les prix augmentent moins vite."
Nadine Jourdain - directrice de l'ISPF
Au mois de mars, l'indice général des prix a subi une hausse de 0,8%. La catégorie alimentaire, à elle toute seule, a essuyé une hausse de 2,4%.