DROGUE. "D’autres drogues semblent se rapprocher du territoire comme le fentanyl et là, ça risque de faire encore plus mal", Thomas Pison, procureur

Thomas Pison
L'invité café du mercredi 20 mars 2024 est Thomas Pison, procureur général auprès de la cour d’appel de Papeete.

Le procureur général près la cour d'appel de Papeete, Thomas Pison, est venu exposer les enjeux majeurs du Pays en matière de justice. On aurait pu imaginer qu'avec tous les efforts en matière d'enquêtes, de contrôles, de prévention et de répression, le trafic de drogue en Polynésie avait diminué. Mais le procureur l'admet : "malheureusement, c'était peut-être un doux rêve d'imaginer que ça s'était calmé." Il a mis l'accent sur la persistance du trafic de drogue, attribuant cette tendance à l'appat du (gros) gain induit par ce commerce illicite. Il a néanmoins salué le travail des forces de sécurité et des douanes. Thomas Pison redoute par ailleurs l'arrivée du fentanyl, la drogue du zombie qui fait rage aux Etats-Unis. Moins chère que l'ice, elle est encore plus addictive et déstructrice.

"D’autres drogues semblent se rapprocher du territoire comme le fentanyl et là, ça risque de faire encore plus mal."

Il a d'ailleurs donné des instructions à l'ensemble des autorités compétientes du Pays pour anticiper cette problématique.

Parmi les priorités de Thomas Pison : les violences faites aux femmes et les violences intrafamiliales. Il a insister sur la nécessité de combiner répression et prévention : "il faut réprimer mais il faut expliquer, il faut l'expliquer aux plus jeunes." Cette approche intégrée vise à protéger la jeunesse polynésienne et à préserver la cohésion sociale.

Enfin, le procureur a abordé la question des suicides, exprimant son inquiétude quant à cette réalité sociale."En Polynésie, le nombre de suicide notamment chez les plus jeunes m'a toujours interpellé pour employer un terme neutre, pour ne pas dire beaucoup ému (...) Je me permet de faire un lien avec les produits addictifs, je ne sais pas quelle proportion mais j'imagine, donc il faut une mobilisation de la société toute entière". Selon lui, l'intervention doit se faire à plusieurs niveaux, notamment au sein des familles, afin de prévenir ces tragédies et de faire un "gros travail sur la parole", car le bien-être mental des jeunes polynésiens passe en premier lieu par là.

Il est interrogé par Ibrahim Ahmed Hazi en français :