Depuis le début de l'année, les faits divers en Guadeloupe se multiplient. La violence sur le territoire connaît une hausse dramatique avec 27 homicides enregistrés depuis janvier, dont plus de la moitié par arme à feu.
Les tribunaux sont le théâtre de nombreuses affaires de violences : vols à main armée, violences intrafamiliales, atteintes aux biens et aux personnes.
La montée en flèche de ces infractions est un constat également fait par Eric Maurel, procureur général à la Cour d'appel de Basse-Terre. "La Guadeloupe est confrontée à toutes les formes de violence", souligne-t-il, tout en reconnaissant le manque criant de moyens pour les forces de l'ordre et le système judiciaire, qui peinent à répondre à cette situation d'urgence.
Des "frontières poreuses" qui laissent entrer armes, drogue, personnes en situation irrégulière
Chaque année, l’opération "Déposez les armes" encourage la population à rendre les armes sans risque de poursuites. Bien que cette initiative permette aux services de l'État de récupérer quelques armes, elle ne semble pas atteindre les armes en circulation sur le territoire.
La surpopulation carcérale : un problème de dignité humaine
L’agression récente d'un surveillant pénitentiaire, brûlé à l'eau chaude par un détenu, a remis sur le devant de la scène la question de la surpopulation dans les établissements pénitentiaires de l'île. Eric Maurel a exprimé sa solidarité avec les personnels pénitentiaires tout en soulevant des préoccupations de dignité : "Nous avons vraiment des problèmes de dignité dans les établissements pénitentiaires guadeloupéens".
Face à cette situation, des instructions ont été données aux procureurs pour réduire le nombre de détenus dormant sur des matelas au sol, afin d’assurer des conditions de détention plus respectueuses.
Pour Eric Maurel, il est essentiel de travailler sur les aménagements de peine afin de réduire les incarcérations en Guadeloupe, quand d'autres solutions sont envisageables.
On voit des évolutions extrêmement positives. La Guadeloupe est très bien placée, notamment pour les libérations sous contrainte, les aménagements de peine comme la détention à domicile sous surveillance électronique que l'on appelle le bracelet électronique. Il y a un vrai travail de fond et qui donne des résultats positifs.
Eric Maurel, procureur général à la Cour d'appel de Basse-Terre
Un colloque pour trouver des solutions
Le 29 novembre, la Cour d'appel de Basse-Terre organise en partenariat avec la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) et l'École nationale de la Magistrature un colloque intitulé "Justice résolutive de problème". Cet événement vise à présenter les dispositifs d’accompagnement vers la sortie de l’addiction et de la délinquance, afin de proposer des alternatives à la justice punitive.
Une enquête en cours suite au black-out du 25 au 26 octobre
Outre les violences, le territoire a également subi un black-out les 25 et 26 octobre, qui a plongé l'île dans le noir. Suite à cet événement, une enquête a été ouverte sous la direction de la procureure de la République de Pointe-à-Pitre.
Eric Maurel a confirmé que le black-out pourrait être lié à un décès, et les investigations se poursuivent pour faire la lumière sur les causes et conséquences de cette panne.
Il y aura un très grand nombre de personnes à entendre, que ce soit du côté des salariés, que de la direction de l'établissement et, bien entendu, de très nombreuses victimes, y compris sur le plan économique.
Eric Maurel, procureur général à la Cour d'appel de Basse-Terre