Fin de vie : les conclusions de la convention citoyenne saluées à La Réunion, malgré des réserves

Une nouvelle pierre posée sur le chemin de la légalisation de l’aide active à mourir. La convention citoyenne réunie à la demande d’Emmanuel Macron la juge « nécessaire ». Des conclusions largement saluées à La Réunion. Néanmoins associations comme médecins souhaitent un strict encadrement de l’euthanasie et du suicide assisté.

 

La convention citoyenne s’est prononcée avec prudence en faveur d'une aide active à mourir, sous conditions. Emmanuel Macron, promet une loi « d’ici la fin de l’été »

Regardez le reportage de Réunion la 1ère :

L’euthanasie va-t-elle devenir possible en France ? La question est posée après les conclusions de la convention citoyenne sur la fin de vie. Réactions à La Réunion

Qu’est-ce que l’aide active à mourir ?

L’AAM se décline en deux procédures. Il y d’abord le suicide assisté, méthode par laquelle on met à la disposition du malade un produit létal. L’ultime geste revient au malade. Pour l’euthanasie, c’est une tierce personne, souvent un médecin qui administre le produit létal. C’est le cas en Belgique, où la procédure est autorisée par la loi mais strictement encadrée. La personne à l’origine de la demande fait l’objet d’une enquête approfondie sur son état de santé physique et psychique, il s’agit de s’assurer de sa détermination.

Des conclusions qui « font sens »

Sur la base de son expérience dans l’accompagnement des malades en soins palliatifs, 800 personnes en l’espace de 13 ans, Henri Chane-Tune est très satisfait de la conclusion de la convention citoyenne, notamment sur l’augmentation des moyens dédiés aux soins palliatifs.

« Il n’y a aucune attirance pour la morbidité, c’est vraiment l’envie d’aller au-devant de la détresse humaine, soulager la douleur, et apporter notre écoute, notre chaleur humaine. »

Henri Chane-Tune, président de l’association Présence Nord Réunion

Le président de l’association « Présence Nord Réunion » spécialisée dans l’accompagnement des malades en soins palliatifs assure avoir rencontré beaucoup de malades, qui ont manifesté leur désir de ne plus vivre.  Et que « dans les cas de grandes souffrances physiques, la morphine ne suffit plus au bout d’un moment, il y a un stade où la dose a tellement augmentée que passer au stade supérieur serait mortel pour le patient. »

                                                                                

Pour Henri Chane Tune, le cas des mineurs est très complexe,  et il n’a pas d’opinion arrêtée, en revanche pour les adultes qui ne peuvent plus s’exprimer, « il faut s’en remettre aux directives anticipées ».

Pour la liberté de tous, des malades mais aussi celle des médecins

C’est la position  de l’association droit de mourir dans la dignité, représentée localement par Jocelyne Lauret.

Elle milite depuis plusieurs années pour la liberté de choix pour tous. Aussi bien pour le malade en fin de vie, qui peut demander un accompagnement en soins palliatifs, ou une aide active à mourir. Cette liberté vaut aussi pour le médecin, qui peut refuser une euthanasie en évoquant la clause de conscience.

L’interrogation porte  davantage sur les suites qui seront données aux conclusions de la convention citoyenne, notamment en ce qui concerne les moyens dédiés aux soins palliatifs. Selon l’association 80 % des demandes ne seraient pas honorées et pour cause, le manque de lit est criant, Il y en a seulement six à La Réunion, et ils appartiennent à un établissement privé.

Il faut par ailleurs investir davantage dans la recherche sur la douleur, et financer aussi le recrutement de plus de psychologues.

Les médecins en appellent à leur liberté de conscience

Pour Humbert Gojon, les directions pointées par l’assemblée de citoyens sont aussi « intéressantes » dans le sens où la convention insiste sur la clause de conscience. Le président du Syndicat des Médecins Libéraux,  estime que la clause de conscience « permet au médecin de garder sa liberté », sans remettre en cause l’aide active à mourir, puisque la procédure peut être appliquée par un autre praticien.

Verbatim

Dans quelles conditions va-t-on permettre cette aide active à mourir ? Est-ce que ça va se faire à domicile comme c'est le cas principalement en Espagne ?Est-ce que ça peut se faire dans des centres dédiés comme ça se fait des gens en Belgique ? Il y a énormément de questions qui restent encore en suspens.

Emeline K/Bidi , avocate et députée de la 4e circonscription

Si on développe les soins palliatifs, alors la personne malade se sent entourée et on diminue sa souffrance, parce que le suicide assisté au lieu de l'aider on fait disparaître la personne comme ça il n’y a plus de maladie (…) on ne peut pas tuer les gens comme ça.

Gilbert Aubry, évêque de La Réunion

Notez que la convention n’a pu se prononcer sur le cas des mineurs et sur celui des adultes atteints  de maladies psychiatrique et dont le discernement pourrait être compromis.